Harper's bazar
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le 3 août 2012
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Retrouver Jessica Harper deux ans après sa prestation dans Phantom of the Paradise assure à Suspiria une continuité des plus légitimes entre ces deux univers malades.
On entre dans Suspiria comme dans un cauchemar à qui on aurait donné toute l’ampleur que le réveil filtre d’ordinaire. L’orage initial s’abat en trombe sur le spectateur et sa jeune candidate, prémices d’un déluge horrifique qui ne reculera devant aucun excès.
Chez Argento, tout flamboie : de la couleur des façades au mouvement des étoffes, de la musique synthétique aux susurrements anxiogènes, des mouvements latéraux aux ombres chinoises, l’osmose synesthésique est bien celle d’une écriture opératique.
On retiendra particulièrement l’unique faconde avec laquelle il filme l’architecture. Dès la première scène de meurtre, grandiose, qui voit une voute de verre s’effondrer sous le poids d’un corps, le réalisateur inféode les lieux aux arcanes du mal : corridors, portes aux courbures fascinantes de l’art nouveau, dessinent un labyrinthe expressionniste où chaque lucarne, chaque tenture est une étape nouvelle vers le cœur névralgique d’une horreur matriarcale dérobée à la vue.
On a beau proposer à l’initiée la libération par la danse, rien n’y fait : le corps, pris de vertige, drogué est rivé à ces lieux qui suppurent les asticots, et dont la piscine elle-même semble être la porte d’entrée vers des gouffres insondables. En écho à la claustrophobie croissante, les extérieurs ne sauvent pas plus les protagonistes, à l’image de cette exécution d’un aveugle perdu au sein d’une gigantesque place vide dont l’unique menace est la minérale façade néoclassique qui la domine.
Il est donc aisé de se laisser prendre la main et d’aller fureter du côté des sorcières, tant la magie des lieux fonctionne, nous rendant tolérants face à cette histoire qui reste un prétexte. Argento, ravi de ses effets, prend un malin plaisir à malmener les corps comme sa propre structure, et la destruction finale jubilatoire de tout le mobilier jusqu’à l’édifice lui-même est à l’image de son propos : une apocalypse échevelée dont on veut prolonger la dimension onirique, sans soucis du réveil.
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le 27 mars 2015
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