« Hesitating to act because the whole vision might not be achieved, or because others do not yet share it, is an attitude that only hinders progress » (Mahatma Gandhi). C’est cette phrase de Gandhi qui ouvre le film Swades réalisé et produit par Ashutosh Gowariker et qui en donne le ton. Ashutosh Gowariker a eu l’idée de ce film bien avant de réaliser Lagaan qui rencontra le succès et le fit connaître. C’est la personne et le message du Mahatma Gandhi qui lui ont inspiré cette histoire.
Swades est un film social qui montre l’Inde dans la réalité de la pauvreté, bien loin des réalisations bollywoodiennes. Il dénonce également la fuite des cerveaux à l’étranger. Mohan un jeune indien vit depuis 12 ans aux USA et travaille à la NASA. Il revient en Inde pour retrouver Kaveriamma, la nourrice qui a veillé sur lui durant son enfance, dans l’intention de la ramener avec lui aux USA et prendre soin d’elle. Les choses vont tourner autrement que prévu. Kaveriamma a besoin de temps avant de donner sa réponse. Elle vit dans un village pauvre et simple. Durant ce séjour, Mohan se trouve confronté à la pauvreté de son pays, et aussi à sa misère. Il se heurte également au système archaïques, mais profondément enraciné, des castes.
Une discussion entre Mohan et les notables du village est l’occasion d’aborder des sujets importants. A cette occasion, les anciens louent leurs pays, la grandeur de ses traditions et sa supériorité sur l’Amérique. Une vieille femme accuse les américains de tensions raciales. C’est l’occasion pour Mohan (et pour le réalisateur qui relaie ici l’enseignement de Gandhi…) de dire quelques vérités : l’Inde possède de grandes traditions, c’est vrai, mais les autres pays on les leurs tout aussi respectables, l’Inde pourrait devenir un grand pays, elle en possède le potentiel, mais ce n’est pas le cas en raison des injustices commises dont chacune a sa part de responsabilité. L’Inde ne peut juger l’Amérique sur les tensions raciales, elle-même continuant à perpétrer le système des castes. Les anciens défendent ce système en s’appuyant sur son ancienneté. Ce à quoi Mohan rétorque que l’ancienneté d’une pratique ne garantit pas qu’elle soit juste. Il explique que le fond du problème pour l’Inde est de blâmer les autres de ce qui ne va pas dans le pays : les brahmins blâment les dalits et inversement, les propriétaires blâment les paysans sans leur accorder aucun droit. Mohan invite chacun à se sentir responsable de la situation en Inde et de s’impliquer. Ce que lui-même va faire en mettant le village à contribution pour qu’il produise sa propre électricité dont il se trouvait trop souvent privé.
Malgré les 3h30 que dure le film, on ne s’ennuie pas. On entre très vite dans le vif du sujet et on se laisse prendre par son histoire et ses personnages. Sharukh Khan a l’occasion dans ce rôle d’explorer le registre dramatique, dans lequel il se révèle très bon. Swades comporte une romance. Pour un film indien, elle est traitée avec subtilité et elle se trouve être au service de l’histoire dans laquelle elle s’intègre bien. Je n’ai pas trouvé les chansons sensationnelles, mais il n’y en a pas trop. Au final, Swades présente un sujet pertinent et offre un film de qualité.
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