Pica… chu(t)
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le 25 janv. 2020
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On connait, souvent malheureusement, presque toujours le contenu du film avant de commencer à le visionner. Son exposition est donc la plupart du temps une sorte de bluff, où le spectateur attend surtout des confirmations.
Aussi, lorsque Swallow déroule son cadre impeccable d’une splendide demeure de la haute société, une photo immaculée digne des publicités pour de la haute couture, le montage alterné avec l’abattage de l’agneau qui va garnir les assiettes de l’élite le soir-même n’a rien de très surprenant. On retrouve une codification chère à Lanthimos ou à certains Cronenberg, où le raffinement et le luxe sont indexés sur l’ampleur des perversions et des gouffres derrière les apparences. La jolie famille qui accueille la belle-fille est aussi généreuse que vampirique, exigeant silence, soumission et descendance, favorisant ainsi le terrain pour les névroses les plus exotiques.
Le terrain ainsi balisé, on attend surtout de voir le traitement réservé au personnage principal et à ses abimes. Policée à l’extrême, Hunter décore sa prison et, en bonne épouse, intègre comme il faut le catalogue idéal des intérieurs. Ces moments de flottement, prélude aux premières ingestions, sont plus intéressants que ceux où l’on surligne un peu trop l’emprise des mâles dominants et la condescendance souriante qu’on lui octroie. Fusionnant avec le décor, le personnage (Haley Bennett, convaincante dans ce mélange de fragilité et d’expérimentation audacieuse) devient un objet tout aussi reluisant, adoptant cette tonalité étrangement vintage, où les signes intérieurs de richesse se dotent d’une sorte d’intemporalité malsaine, rappelant notamment l’âge d’or de la domination masculine des années 50.
De ce fait, la figure intervient efficacement dans la satire : ses éléments de langage déroulent toute la galerie des phrases toutes faites du business man, qui aime comme il conduit son entreprise, avec le goût de l’excellence, sans qu’on puisse déceler à quel moment il baisse la garde pour réellement aborder la question des sentiments.
Les aménagements de plus en plus carcéraux à la découverte des symptômes de la protagoniste, qui se met donc à fusionner avec son environnement au point d’en ingérer de nombreux accessoires conduisent le récit dans une ambivalence assez fertile : le spectateur peine à choisir son camp, entre répulsion pour la folie de cette femme et inquiétude pour les conditions fascisantes qui l’enserrent.
(Spoils à prévoir)
Malheureusement, le récit prend le parti de développer l’idée d’un trauma originel, découvert lors d’une thérapie, pour faire évoluer son personnage et la situation. Curieuse méthode, assez datée, qui reprend les bonnes vieilles recettes psychanalytiques et propose donc une émancipation par l’affrontement du refoulé et des oppresseurs, que ce soit la famille actuelle où l’ancienne, dont on fustige au passage le fanatisme pro-life. Cette linéarité qui s’installe dans un quasi thriller appauvrit l’exploration première d’une psyché torturée, et dessine de manière bien plus claire la binarité des camps, notamment à la faveur d’un retournement du garde chiourme syrien soudain pris d’une empathie qui semble indiquer clairement au spectateur quel parti choisir. Autant de signes d’un premier film qui souffre encore de pas mal de maladresses, mais parvient néanmoins à installer un cadre et une atmosphère laissant présager de jolis lendemains.
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Créée
le 10 févr. 2020
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