Swandown est un film radical qui réussit à nous emporter à travers la Tamise pour suivre l’épopée (quasi) homérique d’Andrew Kötting, artiste qui rejoint Hastings et le site de construction des JO de 2012 à Londres à bord d’Edith, un pédalo en forme de cygne. Il est accompagné par Ian Sinclair, un artiste et psycho-géographe, et par divers personnalités britanniques (Alan Moore, …) Embarqués sur cette ridicule embarcation, ils font office de « radios de chair » captant la réalité multi temporelle du sud de l’Angleterre : les images d’archives se mêlent avec les prises de vues de Kötting, et les sons ambiants captés se mélangent à des lectures et les discussions des divers « pédalphiles » (sic) qui accompagnent Andrew Kötting dans son voyage.
Ce film tient plus de la performance artistique que du pur objet cinématographique : l’équipe de tournage qui suit le voyageur est visible à l’écran, le fil narratif se confine au simple avancement géographique. Ce voyage relativement individuel aurait pu laisser le spectateur en dehors de l’expérience, et pourtant le montage révèle un véritable talent et réussit à nous faire pénétrer au cœur de cette épopée et conjugue absurdité beckettienne et humour british.
Alliant discussion de comptoirs, dissertations philosophiques, extraits littéraires, le réalisateur nous livre un magnifique objet surréaliste et situationniste qui séduit par sa poésie absurde et sa capacité à représenter un espace non seulement par son aspect mais avant tout par sa réalité sensorielle.