Bien que Sweeney Todd ne soit pas très populaire sur SC (et en général dans la critique), j'ai énormément apprécié ce film.
Pourquoi ? Moi qui suis friande de dessins animés, de petits films tout mignons, et qui me retiens de pleurer lors des happy endings, pourquoi ai-je aimé ce chef d'oeuvre de cruauté et de noirceur ?
Tout d'abord, parce qu'il est délicieusement surjoué. On ne s'en rend même plus compte, puisque tout est exagérément sombre, du décor grisonnant aux personnages antipathiques, en passant par une musique d'outre-tombe.
Mais pourtant, je ne parviens pas à détester ces personnages caricaturaux (si, Mrs.Lovett un peu tout de même). Pire, je serais parfois tenté de prendre le parti du diabolique barbier; mais oui, après tout, on a tué sa femme, on lui a pris sa fille c'est normal qu'il réagisse comme ça.
La fin est d'ailleurs très réussie; c'est un véritable twist de tragédie, du Shakespeare à son heure la plus sombre.
Et, étrangement, j'ai été envoûtée par la musique de Sondheim. Ce n'est pas Danny Elfman, c'est indéniable. Mais tout de même, ces violons stridents et ces valses démentes sont parfaitement adaptés à l'ambiance générale de l'oeuvre. L'idée de faire chanter des non-professionnels me semble excellente; Johnny Depp et Helena Bonham Carter se sont fort bien sortis de cet exercice périlleux, puisque Sweeney a une voix irrégulière qui correspond à sa folie (dans Epiphany on a rarement vu autant de changements d'humeur en si peu de minutes). Quant à Mrs. Lovett, elle apporte une touche de comique malsain au film.
L'ensemble est donc d'une cruauté noire et illimitée; Burton nous représente un univers où la fatalité s'abat de tous côtés, comme une justice déréglée, sans tenir compte des êtres qu'elle assaille. Le film est une catharsis, à la manière des plus grandes tragédies, ce à quoi se prête le ton du film, pesant et irrémédiable.