Nombreux sont les gens qui ne comprennent le but de ce genre de film, les "films sociaux" comme on les appelle, sous prétexte que le cinéma est un art et une évasion, que devant une oeuvre on aime être transporté vers quelque chose d'autre, une chose qui nous sort de notre quotidien parfois barbant voire harassant. Alors si certes je peux comprendre ce point de vue, cette envie, je ne trouve pas inutile de nous montrer des films comme celui ci, car au delà du démoralisant, il y a la réflexion, pourquoi en arriver à cette vie ? Comment changer ça ? Et peut être par chance un jour réussir à sauver quelques personnes dans notre entourage ou ailleurs.
J'attaque donc enfin ce Sweet Sixteen qui m'attend depuis quelques mois déjà, il s'agit seulement du quatrième film de Ken Loach que je découvre, après un Looking for Eric intéressant, un It's a Free World ! plutôt barbant, et un très bon Le vent se lève.
Si j'ai une préférence pour le cinéma social français, je pense à Brizé, Bercot ou bien évidement les Dardenne, force est de reconnaître que le Loach frappe fort avec ce... j'allais appeler le film par ses initiales, on va peut être éviter... Sweet Sixteen. S'il a récolté un prix du scénario au festival de Cannes à l'époque ce n'est pas pour rien, en effet, il nous plonge ici dans le quotidien de Liam, gamin de 15 piges qui n'a d'autre choix que de s'en sortir par lui même pour vivre, l'école n'étant même plus une option à ses yeux. Sa mère en prison, seule chose à laquelle il tient lui donne envie de se battre, mais son beau père et son grand père ne l'aide clairement pas dans son éducation. Il décide ainsi de foutre le camp avec son meilleur pote et de dealer pour pouvoir s'acheter un mobil home.
Tous ceux qui connaissent le style du Loach ne seront pas étonné devant cette réalisation volontairement mouvante, sans aucun esthétisme, cette photo crue qui capte parfaitement l'ambiance de l'écosse, ce ciel gris et ce vent envahissent ainsi le cadre loin d'être idyllique. C'est bien sur la mise en scène et au scénario que tout va se jouer, à tel point qu'on s'attend forcément à une fin inévitablement sombre.
Une maîtrise du réel et de l'instant que Ken nous porte là, sans musique aucune. Martin Compston pour ne citer que lui porte cette lourde histoire sur le dos, son personnage qui se renforce mais qui au fond est complétement déboussolé est parfaitement possédé. Le reste du cast est également dans une justesse de tout instant, clairement Ken Loach est un directeur d'acteur méticuleux.
En bref, même si je n'irais pas clamer haut et fort que c'est une claque, cela reste un film fort, qui malgré qu'il dispose sans aucun doute d'un aspect "déjà vu" n'en reste pas moins réussi.