Si il y a bien un groupe qui semble défier le temps, c’est bien les Stones et ce concert en plein-air devant plus de 100 000 fans en est une preuve.
Mick Jagger est en forme, ne tombe pas dans l’auto-caricature et dégage une énergie contagieuse tandis que sa voix, certes vieillie, est tout de même impeccable, lui qui occupe toujours la scène comme personne, déambulant comme à ses 20 ans. De plus, lorsqu’il doit prendre la guitare ou l’harmonica, c’est là aussi réalisé avec brio. Mais si pour Jagger, on ne se faisait guère de doute sur sa forme, ce n’est pas toujours le cas pour Keith Richards et excellente surprise, il est lui aussi en grande forme, à l'image du groupe et semble vraiment heureux d’être là, de jouer sur scène et de se donner à fond. Même à 70 ans passés, il a toujours la classe guitare en main. Derrière Charlie Watts assure toujours autant et il en est de même pour les musiciens additionnels.
Le choix des chansons est le même depuis plusieurs années, on trouve les gros tubes indispensables, allant de (I Can't Get No) Satisfaction à Sympathy for the Devil en passant par Jumpin’ Jack Flash ainsi que quelques chansons plus méconnues (même si là, ca reste léger) à l'image de You Got the Silver. C’est aussi toujours un plaisir de retrouver quelques immenses (et le mot est faible) chansons comme Honky Tonk Woman ou Happy même si on peut tout de même regretter qu'il n'y ait pas vraiment de grosses surprises, que ce soit dans les choix ou même les réarrangements.
Un seul grand moment de bravoure et d'émotion justifie à lui seul l'enregistrement de ce concert, l'un des sommets des Stones, surtout en live, l'immense Midnight Rambler, où un génial et bouffi Mick Taylor (qui reviendra pour la fin du show et Satisfaction) vient rejoindre le groupe sur scène. Dès l'introduction et l'harmonica de Jagger, l'émotion et une réelle puissance se dégage de la scène, et, sans atteindre les fantastiques versions live de l'ère Mick Taylor (notamment enregistré sur Get Yer Ya-Ya's Out et Brussels Affairs), ça n'en reste pas moins un immense moment. L'émotion est aussi forte lorsque Keith chante et joue à l'acoustique You Got the Silver, puis enchaîne avec Happy (l'unique titre d'Exile on Main Street) des moments qui prennent aux tripes comme seul, ou presque, ce groupe sait le faire. Sans être transcendant, il n'y a pourtant que très peu de fausses notes, et même aucune, on notera tout de même, en plus de Satisfaction, une excellente version de Gimme Shelter.
Comme en témoigne la présentation des musiciens, ils prennent vraiment du plaisir à se retrouver et jouer, et c’est réellement communicatif. On ne décroche pas durant le concert qui se révèle vraiment agréable à suivre de bout en bout. De plus, c’est visuellement et auditivement de grande qualité (contrairement à la majorité des liens, les droits étant réservés pour le dvd), la production a été remarquable. De plus, le concert est construit comme le dvd du live à Hype Park de 1969, où le groupe présentait Mick Taylor et disait adieu à Brian Jones, avec quelques images d’archives parfois intercalés entre les chansons.
Loin d’être le premier concert géant des Stones filmés et si, comme moi, on en a déjà vu pas mal (pour ne pas dire quasiment tous), il peut y avoir, par moment, une impression de déjà vus et le regret de ne pas voir plus les Stones dans des salles plus minimalistes. C’est néanmoins un véritable plaisir de les voir continuer à jouer encore et encore en puisant dans leurs ressources pour nous faire partager leurs bonheurs d’être là.