Mr Orange: Ce film au nom, hum... déconcertant?!... n'est autre que LE 1er film de blaxploitation de l'histoire. Le 1er film "100% black" qui a initié toute la vague blaxploitation des 70's après sont succès inespéré. Et 1er commentaire: le film est bien différent de sa progéniture. Pour le remettre dans son contexte: début des 70's, les USA sont en plein Vietnam, la contre-culture hippie est à son apogée et la communauté noire bouillonne, entre l'assassinat de Martin Luther King et les bavures policières récurrentes... Les studios hollywoodiens ouvrent leurs portes à de rares réalisateurs noirs, dont Melvin Van Peebles qui réalise Watermelon Man, un film qui traite du racisme rongeant la société américaine mais n'est pas un film de blaxploitation à proprement parlé. Melvin Van Peebles utilise alors ses bénéfices pour produire Sweet Sweetback's Baadasssss Song.

This film is dedicated to all the Brothers and Sisters who had enough of the (White, ndlr) Man.

SSBS est un donc film complètement engagé. Engagement qui va avoir tendance à disparaître petit à petit des films de blaxploitation à force d'exploitation du genre par les majors. Et c'est bien pour ça que j'ai été surpris par le film. On a beau voir un "baadasssss", la musique a beau être faite par Earth, Wind and Fire (inconnus à l'époque), le film n'est pas funky du tout. On a beau avoir des scènes de sexe, des scènes où notre "baadasssss" fout des roustes à des policiers, c'en est pas pour autant funky. La raison de cela? Notre "baadasssss" a beau rendre les coups, il n'entre pas en quête vengeresse mais fuit l'oppression policière (les scènes d'action/violence sont très sommaires), ce qui est - faut l'avouer - beaucoup plus proche de la réalité. Et cette oppression se fait bien ressentir, avec des effets visuels psychédéliques assez lourds qui rendent le visionnage du film assez difficile pour un oeil néophyte que nous avons tous, faut l'avouer.

Pour revenir sur l'omniprésence des scènes sexuelles dans les films de blaxploitation, SSBS ne peut clairement nier sa responsabilité. Avant tout, notre "baadasssss" a pour métier: gigolo qui offre des performances pornographiques en public. Et cette passion pour la chair, il la doit à une initiation très précoce par une femme de la profession... à l'âge de 10 ans. Oui, la scène est assez dérangeante. Et peut-être la seule scène auto-dérisoire - et donc drôle - du film met en scène notre "baadasssss" qui obtient sa libération par un groupe d'Hell Angel's en offrant ses services à la motarde en chef. D'ailleurs, le film fait parti de la fameuse liste de wikipédia recensant les films (non pornographiques) contenant des actes sexuels non simulés. Melvin Van Peebles aurait d'ailleurs touché une compensation monétaire pour avoir contracté une gonorrhée (MST) sur le tournage.

Pour l'anecdote, l'équipe de tournage était armée, ayant peur de répressions raciales. Ceci aurait d'ailleurs pu conduire à un drame, l'arme de Melvin Van Peebles ayant été mélangée avec les armes factices utilisées pour le tournage. En revanche, elles se sont retrouvées utiles lorsque certains Hell Angels (ui ui, des vrais) ont voulu se rebeller contre le réalisateur.

Bilan: c'est un film qui a marqué un tournant clé dans le cinéma et la société américaine. En plus de son engagement certain, il colporte sa petite ribambelle de faits divers. Ceci étant dit, il n'est pas très digeste et son intérêt se limite malheureusement à l'impact qu'il a eu.
TheMrOrange
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le 25 mars 2012

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