Enfermée dans un mariage sans vrai amour ni sexe, une jeune femme voit débouler dans sa vie sa soeur, surnommée Sweetie, au caractère dysfonctionnel et va perturber son existence.
Sweetie est le premier film réalisé par Jane Campion, et on retrouve déjà une partie de son cinéma à venir avec le portrait de ces femmes blessées, admirablement jouées par Karen Colston et Genevieve Lemon, cette dernière étant Sweetie, une petite fille enfermée dans le corps d'une adulte. Est-elle déficiente mentale ou folle, la question restera en suspens, mais elle provoque la douleur de sa soeur ainsi que ses parents. Alors que Kay a déjà ses propres soucis, notamment de vivre avec un homme dont elle ne ressent rien, et qu'elle s'est mariée avec lui parce qu'une voyante lui a dit que son futur mari aura une mèche en forme de point d'interrogation !
Il y a quelque chose d'étrange, voire de fascinant avec ce film pas aimable, où tout le monde a l'air autre, à l'image du compagnon de Sweetie, un pseudo-producteur sous substances qui lui a promis une carrière dans la chanson, mais qui veut surtout coucher avec elle. Mais ce qu'on voit déjà, c'est la grande qualité de la mise en scène de Jane Campion, où les plans sont admirablement composés, et qui montrent des choses sur cette famille pas comme les autres. Je dirais presque que pour eux, l'anormalité est ce qu'il y a de plus ordinaire, jusqu'à cette très belle conclusion qui semble donner la morale de l'histoire.
En tout cas, la réalisatrice sera assez vite remarquée, et enchainera sur une belle carrière, mais pour un premier film, on ne peut pas dire qu'elle ait choisi quelque chose d'aimable ou de facile. Tant mieux, dirons-nous...