Sarah Morton (Charlotte Rampling) est une auteure britannique de romans policiers à succès qui traîne sa déprime auprès d’un père vieillissant. Pour lui permettre d’échapper à son état, son éditeur londonien (Charles Dance) lui propose d’aller séjourner dans sa belle et grande maison du Luberon qu’il s’offre à lui prêter. Opération réussie : la maussade retrouve son sourire et peuple sa solitude ensoleillée de fantômes bien vivants, en tête desquels la fille de son éditeur (Ludivine Sagnier), qu’elle fait débarquer à l’improviste et qui rabat sur la demeure isolée tout un défilé d’hommes cantonnés au rôle d’objets sexuels, pour le meilleur et pour le pire. Mais tout cela, on ne le saura qu’après, lorsque, revenue à Londres, la créatrice croisera le chemin de la vraie « fille de », pré-adolescente baguée encore engoncée dans l’enfance, bien éloignée de la prédatrice impertinente que l’écrivaine à suspense avait créée.


Dans le déroulement chronologique du film, l’illusion fonctionne et l’on se laisse prendre à ce jeu de défiance puis de charme, joué par deux chattes jalouses sur le territoire d’un homme absent. La Provence grillonne et stridule tant qu’elle peut et François Ozon sait rendre perceptibles les ondes de chaleur apaisantes et sensuelles qui se diffusent autour de la piscine, devenue ombilic de ce petit monde en villégiature.


Mais l’on ne peut s’empêcher d’en vouloir un peu à notre réalisateur national de souscrire si aisément au ressort narratif de plus en plus éculé si cher au cinéma américain : le « twist » final, façon « Shutter Island » (2010), qui invalide d’une certaine façon tout ce à quoi le spectateur a auparavant cru et adhéré. Certes, ici, la ficelle se justifie par la monstration de l’illusion créatrice. Tout ça pour ça… On connaît le goût du réalisateur pour l’exploitation des faux-semblants, qui se manifestera à nouveau dans « Frantz » (2016), puis dans « L’Amant double » (2017). Mais il est gênant qu’une pirouette scénaristique vire au réflexe compulsif, qui plus est emprunté, et jouant de façon par trop systématique avec la déception du spectateur…

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le 23 mai 2021

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Anne Schneider

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