Le réalisateur de l'excellente comédie (dramatique) Sunny revient avec un projet étonnant et presque improbable : un ambitieux film musical basé sur des événements réels, à savoir les violentes émeutes dans le camp de Geoje.
Le résultat est hautement réjouissant et époustouflant durant deux tiers de son récit avant malheureusement que le mélange des genres accouche d'un final trop radical dans son alternance et sa volonté de souffler le chaud et le froid. J'en suis sorti sans trop savoir quoi en penser tant le déséquilibre est grand, avec le risque de trouver ça artificiel, grossier et manipulateur ; surtout avec son épilogue pré-fabriqué et usé jusqu'à l'os. Même si sa démarche est justifié par les faits historiques (même si l'histoire des claquettes semble être évidement une invention), ça contredit plusieurs séquences volontairement anachroniques dans ses choix musicaux ou scénaristiques.
Un sentiment frustrant puisque durant facilement 1h30, c'est pur morceau de bravoure cinématographique euphorisant qui n'a pas peur d'aller sur le fil du rasoir à plusieurs reprises comme un battle dance entre GI's et prisonniers sur fond de tube des années 80 (coréen et américain). Passé la surprise, ça fonctionne car la comédie musicale a foncièrement quelques choses de la fantaisiste et de l'ordre du fantasme. De plus, les acteurs se donnent à fond et surtout la réalisation est d'une virtuosité affolante. Et pas seulement le temps de plusieurs moments musicaux mais presque tout le temps : plan-séquences, mouvements de caméra étourdissants, photographie classieuse, travail sur le montage et le mixage débordant d'idées. Sans parler de nombreux gags brillants et de situations amples. L'énergie que déploie Kang derrière la caméra donne le tournis entre une séquence de bal que n'aurait pas renié le Spielberg de 1941 jusqu'aux règlements de comptes scorsesiens en passant par l'obsession grandissante d'un communiste pour les claquettes ou un montage parallèle sur deux protagonistes se délivrant de leur chaîne par la danse (beau à en donner des frissons – malgré un emprunt un peu trop appuyé à Frances Ha).
Et puisque, je suis dans les superlatifs, je vais continuer. De mémoire, on trouve dans Swings Kids, les numéros de claquettes les plus enthousiasmant et impressionnant vus depuis plusieurs décennies. Point. Pour un amateur comme moi, il y a de nombreux moments vertigineux, pas tant pour les chorégraphies que l'harmonie entre la mise en scène, la photo, le mixage et l'implication des comédiens.
A ce titre le duo entre Jared Grimes et Do Kyung-soo fait de sacré étincelles. Leur relation est le cœur du film, à savoir le dépassement des cultures, des dogmes et des idéologies. La danse devient une passerelle d'apprentissage, de respects et de compréhensions entre deux mondes que tout sépare. Un mot quand même sur Do Kyung-soo qui a permis au film de se concrétiser. Ce dernier est en fait le membre d'un fameux boys band (EXO) et après plusieurs seconds rôles (Cart ; les deux Along with the gods), il brille ici dans une prestation remarquable à tout point de vue.
Je regrette donc d'autant plus que les ruptures du dernier tiers qui m'empêche d'en faire un authentique chef d'oeuvre. Ca ne m'empêche d'avoir un furieuse envie de le revoir car ça reste un spectacle total.