Tati est de retour

Pour les prochaines semaines, réservez une de vos soirées à un film qui mêle habilement image et musique, histoire et partition, délicatesse et poésie.

Nous ne sommes ici, dans le sud du Morbihan, pas très loin de la plage de St-Marc sur mer, entre Pornichet et St-Nazaire. C'est de ce côté que sont nés, non pas les gros paquebots pollueurs, transportant des milliers de touristes dans des HL pas très modéré d'un port à l'autre, se conduisant d'ailleurs comme l'homonyme, mais les vacances de douceur et de poésie d'un grand homme déginguandé, évadé d'une bobine d'un film muet, vous l'aurez reconnu, Monsieur Hulot.

Et bien son héritier spirituel, dont le premier long métrage sort dans les salles le 11 janvier prochain, c'est sans conteste Gérome Barry.

Swing rendez-vous, c'est l'histoire de Théodore, un jeune Parisien timide, qui découvre l’existence d’une chanson aux pouvoirs surnaturels, un vieux standard jazz des années 20 qui agit comme un élixir d’amour sur la personne qui l’entend. Souhaitant charmer Amandine, qu’il croit être la femme de sa vie, Théodore part à la recherche de la partition. Son enquête le mène à New York, où il rencontre des musiciens de la communauté swing qui l’aideront dans son aventure.

Gérome Barry, c'est comme moi un adorateur des comédies musicales dont tout le monde connaît les refrains et dont la bible résumée est Il était une fois à Hollywood de Jack Haley Jr (1974), film auquel il convient d'ajouter bien évidemment West side story, My fair lady, les parapluies de Cherbourg et la Mélodie du bonheur. Ou est ma tête... J'allais oublier les demoiselles de Rochefort, Mi fa sol la mi ré, ré mi fa sol sol sol ré do, en partie tourné dans la boutique d'instruments de musique de mon arrière grand oncle et dont ne subsiste à ma connaissance aujourd'hui qu'un seul et unique piano.

Musique, poésie, fraîcheur d'un premier long métrage, Swing rendez-vous mérite que chacun et chacune d'entre vous pose un temps, le temps du film, sa grisaille quotidienne, son métro boulot dodo obsessionnel, sur le côté, ouvre grand ses yeux et ses oreilles, retrouve un instant son âme d'enfant, et ressorte ensuite comme moi les yeux humides, certes, mais l'esprit apaisé, avec quelques notes qui vont lui trotter dans la tête et lui faire venir un sourire, un trait de lumière dans un univers monotone entre crises et guerres, une parenthèse colorée dans un monde gris.

Monsieur Hulot, vous fermez les yeux et voyez sa silhouette, son couvre-chef, son parapluie et sa pipe, Théodore, vous ne pourrez plus entendre ce prénom sans voir ses lunettes, son livret de partition incomplet et ses maladresses, ni entendre ce jazz très présent sans jamais être oppressant, tellement histoire image et musique sont intimement liées.

Comme l'on dit dans le langage courant, "on fera quelque chose de toi si les petits cochons ne te mangent pas"... Et bien s'il vous plaît, les petits cochons, éloignez-vous du chemin, car les promesses contenues dans ce premier long métrage sont telles que l'ont sort du film en souhaitant que très rapidement une autre pépite nous soit ainsi offerte par ce talentueux jeune réalisateur.

Dès le 11 janvier 2023 dans les bonnes salles.