Découvert deux jours après Holy Flame of the martial world et sa frénésie visuelle , j'ai été immédiatement sous le charme de la splendeur visuel du film. Comme d'habitude, Chu Yuan soigne avec minutie ses décors, sa gamme chromatique, son sens du cadre et sa direction artistique. C'est un véritable régal permanent et, même après pratiquement une vingtaine de films du cinéaste, il m'arrive encore d'être subjugué par sa beauté formelle. Certains décors sont des tableaux fascinants et hypnotiques. Plusieurs trouveront ça kitsch évidement, pour moi c'est un raffinement de tous les instants. J'ai l'impression que c'est vraiment le seul cinéaste de la Shaw Brothers a refusé de tourner dans les décors passe-partouts qu'on croise dans toutes les autres productions maison. Ici, on dirait que chaque décors a été conçu exclusivement pour le film en question. Sans doute l'avantage de préférer les studios aux extérieurs.
Le scénario est dés plus curieux (pour changer) avec Chu Yuan et ses incontournables adaptations de Gu Long. Après un début assez volontairement fouillis où l'on se demande qui est vraiment qui, l'intrigue se fait très linéaire une fois que Ti Lung sauvé Candice Yu. Pour le fois, le cinéaste ne court pas après les rebondissements permanents et les twists à profusion. Il privilégie ses personnages et la psychologie qui se révèlent plus fouillés pour créer quelques moments lyriques portées par une sublime musique (samplée ?). L'histoire d'amour entre les deux personnages est assez touchante, grâce également aux deux comédiens très charismatiques.
Alors que les deux amoureux contrariés sont traqués par des ennemis et se réfugie dans une grotte, le film bascule dans le grand délire assez réjouissant puisqu'ils se retrouvent projeté dans une maison de poupée (plutôt un palais) rempli de combattants miniaturisés ! De quoi lancer les 20 dernières minutes sous acide où l'approche se fait plus bariolé avec des effets de lumières plus baroques et criards mais toujours avec une invention plastique réjouissante.
Le dénouement est un peu prévisible mais cette partie qu'il était impossible de prévoir jusque là relance agréablement le film dans une nouvelle direction alors qu'il commençait à tourner un peu en rond. Autre bonne surprise, mais qui ne surprend pas vu l'univers de Chu Yuan : la grande place accordée aux femmes et qui ne sont pas de simples potiches.
Enfin, les combats sont dans la logique des autres films du cinéaste : pas d'échanges virtuoses ou des chorégraphies millimétrés mais des passes d'armes sophistiquées filmées dans des long plans larges. Ca n'empêche pas quelques échanges d'être impressionnants tel ceux entre Ti Lung et Anthony Lau. De plus les scènes d'actions sont très fréquentes, idéalement espacées dans le récit qu'elles accompagnent à chaque fois plutôt que d'être de simple parenthèses gratuites.
Pour un part un très bon cru !