Symphonie paysanne
Symphonie paysanne

Documentaire de Henri Storck (1944)

Henri Storck vise assez nettement une forme de lyrisme pastoral en structurant sa Symphonie paysanne en 4 ou 5 mouvements, quatre saisons et un mariage paysan. En partant du printemps et en progressant jusqu'à l'hiver, c'est tout le cycle de l'agriculture et de la paysannerie qui se déroule doucement, non sans un certain didactisme pesant qui s'empresse de décrire minutieusement tout ce qui se passe à l'écran. Non pas que les commentaires soient invariablement superflus, mais on peut aisément imaginer une version allégée qui aurait laissé un peu plus de place à la pure poésie graphique. Et ce d'autant plus que le son n'est pas en prise directe, que la voix off est collée a posteriori, et qu'on ne sera pas amené à "rencontrer" les principaux intéressés qui défilent devant la caméra.


Ah, c'était l'époque où à chaque problème répondait une solution technique ou une promesse de solution technique, qu'elle soit chimique ou mécanique. Les machines balbutiantes facilitent déjà grandement le travail des paysans (en faisant passer le temps de fauchage de l'hectare de trois jours à trois heures, par exemple), il y a de la "graisse de chat" (j'ai eu un peu peur, mais c'est parce que je ne connaissais pas cette appellation de la lanoline) pour les crevasses des mains lorsqu'il faut travailler la terre gelée en hiver, et pour lutter contre l'invasion de doryphores on pouvait à l'époque se contenter d'épandre... de l'arsenic.


Une sacrée époque transparaît de ce documentaire tourné entre 1942 et 1944, embrassant tout de même très joliment les rituels paysans au rythme des saisons — et des paysans, donc. Un poème tourné vers la terre, avec un petit "côté carte postale pour citadin", et assorti d'une variation sur le thème de la vie et la mort, avec la passation en fin de film entre un père mourant et le fils. Il évoque autant les animaux que les plantes et céréales, reléguant à de nombreuses occasions l'humain en arrière-plan. De cette poésie du réel émerge une filiation naturelle avec les travaux de Flaherty puis Epstein, dans un contexte toutefois bien différent, l'agriculture française en 1944... Le printemps avec la naissance des poulains et le travail de sols ; l'été avec la récolte des céréales et la fenaison pour nourrir les animaux ; l'automne avec le battage, la récolte des patates et des betteraves dans le vent et la pluie ; l'hiver avec le froid qui enveloppe le tout.


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Morrinson
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le 27 mars 2021

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