Merci, Netflix !
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Aaron Moorhead et Justin Benson sont deux artisans du cinéma indépendant Américain, lorgnant vers l'étrangeté et la science-fiction, les deux cinéastes ont déjà une carrière plutôt remplie et une solide réputation, ils sont producteurs sur certains films comme After Midnight par exemple de Jeremy Gardner, autre figure montante de ce cinéma de genre Américain, ils s'inscrivent donc parfaitement dans toute cette mouvance, avec une continuité cohérente, on pense notamment à leurs précédents films, Spring, The Endless, ou Resolution, n'ayant vu que Spring, je ne m'attarderai pas sur les autres films cités, mais Synchronic semble en tout cas s'inscrire dans la même lignée que les films précédents et malgré un casting plus connu ainsi qu'un plus gros budget, les deux cinéastes ne perdent pas de vue ce qu'ils savent faire.
Synchronic en résumé, c'est l'histoire d'une drogue qui permet de voyager dans le temps durant 7 minutes, les règles sont mises en place et expliquées très simplement par Anthony Mackie, qui joue un ambulancier atteint d'une tumeur au cerveau, jonglant entre sa peine et les problèmes de son meilleur ami joué par Jamie Dornan, qui vient de perdre sa fille; perdue dans les méandres du temps, après avoir ingéré une pilule de Synchronic (passons sur l'origine de cette drogue qui n'est pas le plus intéressant).
Ce qui frappe en premier instant, c'est cette mise en scène, ces mouvements de caméra, qui direct nous font comprendre la singularité de l'œuvre, qui malgré ses défauts gardent définitivement la patte des réalisateurs, nous ne sommes pas face à une énième production SF bas de gamme mais bien face à un film ayant une personnalité, car même si l'idée en elle-même n'a rien de révolutionnaire, le mystère qui l'entoure est intéressant, et le film, simple à comprendre, ne tombe pas dans la complexité exagérée qui est généralement inhérente à tous ces films sur les voyages dans le temps.
Non ce qui est intéressant, c'est cette réécriture du film portant sur le voyage dans le passé, outre son ton assez optimiste finalement sur notre monde actuel, le film prend à contre-pied les spectateurs en proposant une vision du voyage dans le temps, par un homme Noir, un homme qui d'habitude dans ce genre de film est Blanc, et n'a donc aucun problème pour revenir dans le passé, cela est bien représenté quand Anthony Mackie est au bar et voit une scène de Retour vers le Futur et s'exclame que si c'était lui à la place de Marty McFly il se ferait fusiller, et c'est là que vient le message du film, c'est que le passé, souvent glorifié, cette nostalgie, ne serait qu'une poudre aux yeux, et que le monde d'avant était bien plus pourri, morbide, dangereux, et qu'on n'y voyait que la mort, postulat intéressant dans un cinéma Hollywoodien lisse, qui ne propose que des réécritures positives de l'Histoire, Synchronic ne vient pas nous narrer la formidable histoire de l'Amérique, car l'Amérique c'est avant tout un pays bâti sur le sang, avec une histoire raciste et belliqueuse, il n'y'a pas de passé à glorifier face à ça.
Mais, si on ne parlait que de ça, on passerait a côté de ce qui selon moi est la thématique principal du film, la mort, et notre rapport à la mort, comment vivre avec cela, dans une ville comme la Nouvelle-Orléans qui est quasiment un cimetière vivant, où l'Ouragan Katrina a laissé une trace indélébile, la mort est présente partout, mais en même temps invisible, car ces ambulanciers voient tellement la mort, qu'ils ne sont plus surpris, ils vivent cela normalement, mais quand ils font face à la mort pourtant ils se retrouvent totalement désorientés, et cette question était déjà abordée dans Spring pour ceux qui l'ont vu, qui tapait exactement dans cette thématique, celle de la mort, et comment on peut vivre avec, malgré les ravages du temps,
le dialogue de fin sur le rocher est d'ailleurs très intéressant et résume la pensée globale du film.
J'ai déjà l'impression que ma critique est trop longue, donc je ne reviendrai pas particulièrement sur les défauts qu'on peut pointer du doigts, notamment un manque de consistance des personnages, qui ne sont pas toujours super développés, mais cela serait passer à côté du message général, sur l'acceptation de notre propre mortalité, et qu'il faut toujours profiter du moment présent et ne pas regarder en arrière, ou trop en avant.
Créée
le 25 févr. 2021
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