Syngué Sabour, pierre de patience par Selenie
Atiq Rahimi adapte son propre roman, Prix Goncourt 2008 avec en tête d'affiche la magnifique Golshifteh Farahani (actrice iranienne en exil en France). Le titre vient d'une légende perse, la pierre de patience étant le moyen de pouvoir raconter tous nos secrets les plus intimes. Dans cette histoire la pierre de patience est l'époux, dans le coma suite à une bagarre stupide. Dans uen société afghane où la femme n'est qu'un objet presque sans âme l'épouse se retrouve dans une situation où elle peut enfin dire tout ce qu'elle a sur le coeur sans que son mari puisse réagir. la grande partie du film se déroule en huis clos, au sein d'une chambre où elle continue à soigner son mari tout en lui parlant. La jeune femme lui confie donc ses états d'âme, ses souvenirs de jeune épouse, petit à petit les confidences se font à la fois plus touchantes et à la fois plus intimes. On entre doucement dans ce qui est tabou, la sexualité et l'amour prend de plus en plus de place, dévoilant ainsi autant les désirs que les frustrations d'une femme, et par elle, de toutes les femmes afghanes. Evidemment on ne peut que saluer une oeuvre aussi audacieuse que féministe. Néanmoins le parti pris du monologue (du vagin ?!) peut paraitre rébarbatif. Les secrets toujours plus profonds tracent également une ligne droite dont on devine très vite la destinée. Les secrets restent au final trop focalisés sur la seule sexualité, la guerre reste secondaire bien qu'omniprésente, les deux fillettes n'ouvrent aucun angle de vision... Mais la vraie déception reste la fin. Le dernier plan est très beau mais l'épilogue prouve surtout que le réalisateur n'assume pas entièrement son film ; une conclusion réelle aurait dû clore une histoire si singulière. Cependant, la puissance d'interprétation de Golshifteh Farahani, le sujet féministe mais universelle, la très belle photographie, la sensualité sous-jacente font que ce film mérite qu'on s'y attarde.