Trainsmissing
Putain, déjà 21 ans. 21 ans déjà que les junkies Renton, Spud, Sick Boy et le violent Begbie ont sillonné, Iggy Pop dans les oreilles, une Ecosse industrialisée à outrance par le biais d'un film...
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le 1 mars 2017
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6
En 1996, un petit film Britannique débarquait discrètement sur nos écrans et allait pourtant marquer une génération. Portant le nom de Trainspotting, ce film, adapté du roman du même nom, suivait le parcours d’un groupe de petites frappes Ecossaises héroïnomanes. Succès critique et public, une suite fut très vite demandée. Vingt et un ans plus tard et après avoir jugé que son scénario ne marcherait pas s’il avait été sorti dix ans plus tôt, Danny Boyle et toute l’équipe de Trainspotting sont de retour. Les temps ont changés, nos héros ont changés, mais l’énergie, elle, est toujours là, avec un petit peu de nouveautés…
Rancœur, vengeance, haine, regrets, amitié, désir, autodestruction et héroïne...à petite dose
Trainspotting, film à la mode pour les jeunes des années 90, emblème de la culture Britannique fait son grand retour au cinéma. Une suite qui se présente comme bien d’autres à la manière d’un « que sont-ils devenus ? ». Alors que certains nostalgiques qui ont adulé pendant toute leur jeunesse le premier opus et vont sans l’ombre d’un doute se précipiter dans les salles pour découvrir le second, d’autres vont-ils tenter l’aventure ?
Danny Boyle et toute son équipe sont de retour et des les premières minutes, le réalisateur n’a rien perdu de son génie créatif. Entre incrustation de clin d’œil et références habiles à Trainspotting 1, Boyle, qui nous offre de nouveau un montage dynamique bordé de tonnes d’idées ingénieuses, de jeux de lumières et de couleurs, ainsi que d’une bande son superbe, compte bien ne pas calquer son homologue. Exit le quotidien désespéré de junkies irresponsables, se foutant de tout, de leur corps, des substances qu’ils se sont administrés et du temps qui passe, place aux ravages du temps, des regrets et cette irrésistible envie de revivre ces grands moments de jeunesse.
Autant vous le dire tout de suite, si vous comptiez revoir dans ce deuxième film dans l’idée de retrouver le même style de séquences cultes que dans le premier, vous risquez d’être un poil déçu. Tout d’abord parce qu’il est impossible d’égaler le premier, ensuite que les mentalités ont changées, et que nos héros sont devenus des adultes. Comme pour Trainspotting 1, on misera d’avantage sur la psychologie de nos personnages principaux plutôt que sur les séquences nous les montrant en train de se défoncer. Que les fans de la première heure soient rassurés, le film ne perd pas son identité restant dans l’ambiance et ton du premier. Il a beau adopter un léger changement de ton, il garde son énergie (tout du moins, dans la première partie) et son ambiance/humour trash.
Autre élément positif, des répliques et scènes cultes, il y en a encore à foison. Je pourrais prendre comme exemple cette scène de course poursuite hilarante entre Renton et Begbee dans les rues et un parking d’Edimbourg. De tous les personnages du film, c’est l’impulsif Begbee qui impressionne le plus et fait rire le plus. Robert Carlyle est juste déchainé en ancien détenu aux crises incontrôlables de violence. Quant à Ewan McGregor, il nous avait fait réfléchir avec son monologue dans l’introduction de Trainspotting 1, il remet le couvert avec le 2 en faisant un constat cinglant sur notre époque (la téléréalité, le fait d’exposer sa vie sur les réseaux sociaux, la précarité, la superficialité de notre monde, etc.). C’est toujours un plaisir de jongler entre la vie de nos quatre protagonistes.
« J’ai 46 ans et je suis foutu, qu’est ce que je vais pouvoir faire
avec ces trente prochaines années ? »
La suite qui jouait la carte de la nostalgie
C’est un vrai plaisir nostalgique de retrouver des personnages aussi cultes MAIS, soyons objectif, tout n’est pas réussi dans cette suite. Scénaristiquement par exemple, on aurait aimé une analyse plus profonde de la vie de ces anciens drogués. Sur ce point, un seul personnage sera mieux travaillé : Spud. Spud qui n’est malheureusement pas assez présent dans cette suite mettant plus en avant le duo composé par Ewan McGregor et John Lee Miller. Duo qui fonctionne encore à merveille (la scène du karaoke est magique). Qu’importe, pour le peu qu’on le verra, Spud, en plein introspection de sa vie passée et présente, livrera son lot d’émotion.
Emotion, drame, sérieux, c’est ce qui ressortira le plus de Trainspotting 2. Dans cette suite se déroulant vingt et ans plus tard, Boyle compte bien confronter ses protagonistes à la frustration et la nostalgie. Nos héros ne sont plus jeunes, ont perdu de leur fougue, sont devenus des sortes de caricatures d’eux-mêmes. Cette suite parle de la tristesse de leur situation mais aussi de la déception de leurs proches (les parents de Renton, la femme et le fils de Spud, ..).
"Choisir la vie. Choisir Facebook, Twitter, Instagram et espérer que
quelqu'un, quelque part s'en soucie. Choisir de regarder les vieilles
flammes, en souhaitant avoir fait tout autrement. Et choisir de
regarder l'histoire se répéter. Choisir son avenir. Choisir la télé
réalité, le « slut shaming », le »revengeporn ». Choisir un contrat de
zéro heure et un voyage de deux heures pour le travail. Et choisir la
même chose pour vos enfants, en pire, et étouffer la douleur avec une
dose inconnue d'une drogue inconnue faite dans la cuisine de
quelqu'un. Et puis ... prendre une profonde respiration. Vous êtes un
toxicomane, soyez donc accro. Juste être accro à autre chose. Choisir
ceux que vous aimez. Choisir votre avenir. Choisir la vie".
Au final, Trainspotting 2 c’est du pur plaisir pour nostalgiques. Réalisation relevant toujours autant du génie, photographie sublime, bande originale explosive, des plans mémorables, certaines séquences parodiques, doublage français de retour, Robert Carlyle effrayant et magistral, jeu d’acteurs excellent mais un peu ramollit, moins de sexe, moins de drogue, moins traumatisant, moins furieux, plus sérieux et sage que le premier opus, cette suite est clairement destinée aux quarantenaires en pleine crise ou aux fans de Trainspotting 1. A éviter si vous ne l’avez pas vu.
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Créée
le 3 mars 2017
Critique lue 487 fois
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