T'es morte Hélène
7.3
T'es morte Hélène

Court-métrage de Michiel Blanchart (2020)

Perdre l’être aimé. Sûrement une des situations les éprouvantes que l’on puisse vivre au cours de sa vie, perdre ses sens et ses émotions, la vie n’a plus de saveur, le passé nous aliène et l’enfer est à nos pieds. Michiel Blanchart traite de cet enfer dans son dernier court-métrage en date, T’ES MORTE HÉLÈNE. Loin d’en être à son coup d’essai en termes de réalisation après notamment ESKYPE (2011) ou encore LA MOUTARDE (2010) et déjà habitué aux mélanges de genre, T’ES MORTE HÉLÈNE en est ici la consécration. Comment lier une comédie romantique, un thriller psychologique et une frénésie zombiesque en seulement 25 minutes ? Le défi est colossal et pourtant relevé.


Parfaitement sûr de ses références, disséminées intelligemment tout au long du court-métrage, à l’image de DONNIE DARKO, GHOST ou encore YUMMY, ces trois longs-métrages traitant par ailleurs de différentes formes de solitude, Michiel Blanchart déroule un récit très efficace mêlant avec justesse horreur, drame et comédie.
Prenant place dans le milieu gentiment underground bruxellois, bars, cinés bis et WC tagués sont le théâtre des déboires amoureux de Maxime et Hélène. Hélène est morte, pourtant Hélène est là, juste à côté de Maxime, en train de profiter du film dans la salle de cinéma. Hélène est là, mais Maxime est seul, tragiquement seul. Solitude d’un amour qu’il n’arrive pas entretenir avec sa défunte petite amie et pourtant prisonnier de cet amour d’outre-tombe.


Cette situation, pouvant donner lieu à des séquences autant comiques que tragiques, a pourtant ses limites. Maxime cherche à s’en séparer, mais comment annoncer à sa petite amie, morte, que l’on veut la quitter ? Au vu de cette situation insupportable, la gêne deviendra colère, l’humour deviendra terreur. Petit conseil, ne jamais énerver un mort-vivant, on ne sait jamais de quoi ils sont capables.
Pouvant tout à la fois rendre compte d’une atmosphère chaleureuse et vivante ou d’une ambiance pesante et terrifiante, Michiel Blanchart nous entraîne dans la folle tentative de ce couple bien particulier de rallumer un amour et une relation impossibles.


Tour à tour enivrés par la douce mélodie de STAND BY ME (dont l’écho est ici plus que signifiant) et effrayés par les couloirs sombres d’un hôpital, T’ES MORTE HÉLÈNE n’est pas avare en sensations, ni en ambitions par des plans et une photographie immersifs. Dire adieu n’a jamais été aussi éprouvant, et pourtant le plus dur à surmonter n’est pas où on le pense.

Gasp56
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le 17 févr. 2022

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