A la différence de War games et St Elmo’s fire, j’avais déjà vu Only the lonely (un beau titre milles fois préférable à sa misérable traduction) et j’en avais gardé un bon souvenir, plus sombre peut-être que le film n’est réellement.
Danny Muldoon (John Candy) est un flic de base spécialisé dans le convoyage de détenus. Il vit encore avec sa mère (Maureen O’Hara) dans le Northside Chicago et se désole d’être encore célibataire à 38 ans. Lorsqu’ apparaît dans sa vie Theresa (Ally Sheedy), la fille d’un entrepreneur de pompes funèbres spécialisé dans la thanatopraxie...
Disons d’abord l’ immense plaisir qu’il y a à retrouver John Candy , dans un rôle moins exubérant que ses précédentes prestations pour Hugues (je pense à Uncle Buck ou Planes, trains and automobiles). Excepté en deux ou trois occasions (la sortie du funerarium et le retour impromptu de Rose à la maison), Candy délaisse son rôle habituel de gros nounours gaffeur pour un type très ordinaire, plus introverti qu’à l’accoutumée. Candy était un grand (il mourra trois après le tournage de ce film) et pas seulement au sens propre. Il donne à son personnage une énorme dose d’humanité et j’aime la façon qu’il a de faire comme si de rien n’était lorsque Theresa lui avoue qu’elle souffre de problèmes de communication à la limite de l’autisme (un léger mouvement de paupière quasi imperceptible). J’irai même jusqu’à dire que c’est sans doute son meilleur rôle, d’autant qu’il a comme sparring partner des acolytes du calibre de Maureen O’Hara et Anthony Quinn. 40 ans après Mary kate Danaher, l’ex-partenaire privilégiée du Duke retrouve un rôle d’irlandaise et c’est peu dire qu’elle y est irrésistible. Multipliant les réparties déconcertantes, elle est toujours juste dans son jeu et donne une leçon de diction à tout le casting (ce qui est bien agréable lorsqu’on ne dispose que de la version originale sans aucun sous-titre d’aucune sorte). C’est évidemment Theresa, sa future bru qui fait les frais de ses traits d’esprit (« You're built like a thirteen year old boy») mais Ally Sheedy n’a pas été sacrifiée par le script. Elle a nettement plus à faire ici que dans St Elmo’s fire. Theresa, c’est Allison Reynolds avec 10 ans de plus. Même fixations morbides, même introversion maladive, même visage triste. Ally ne sourit pas beaucoup dans Only the lonely mais elle rend son personnage de freak touchant et vrai (la très belle scène où elle ne répond que par dénégations aux questions de Danny). On peut simplement regretter de l’avoir si peu vu après. On rêve de lui voir endosser un beau rôle de quadra façon Barbara Hershey dans Hannah and her sisters ou Anne Bancroft dans The Graduate.
Eric_Aussudre
8
Écrit par

Créée

le 26 déc. 2014

Critique lue 557 fois

4 j'aime

2 commentaires

Eric_Aussudre

Écrit par

Critique lue 557 fois

4
2

D'autres avis sur Ta mère ou moi !

Ta mère ou moi !
Fêtons_le_cinéma
6

Conjurer la solitude des cœurs

Si Only the Lonely intrigue jusqu’au bout, c’est surtout en raison d’une impression de fantastique qui contamine la relation entre une mère et son fils, nous laissant dubitatifs face à des visions...

le 11 avr. 2021

2 j'aime

Du même critique

L'Héritière
Eric_Aussudre
10

Critique de L'Héritière par Eric_Aussudre

SensCritique n'offre pour le moment aucune critique négative de The Heiress et pour cause, le film est l'un des plus grands chefs d’œuvre de l'âge d'or hollywoodien et il faudrait être de sacrément...

le 19 mai 2015

12 j'aime

7

The Edge of Seventeen
Eric_Aussudre
7

Le Teen Movie, mon Slasher à moi

Rares sont les amoureux du cinéma qui ne connaissent pas d'égarement. Peu nombreux sont ceux qui, d' Ordet à Still Life n'ont jamais dévié d'une stricte orthodoxie cinéphilique. Les déviances ont...

le 7 juil. 2017

8 j'aime

8

Lolita
Eric_Aussudre
3

Lolita malgré moi

Je savais qu’Adrian Lyne n’avait pas bonne réputation auprès des cinéphiles mais n’ayant vu aucun de ses films précédents, j’étais bien décidé à lui laisser sa chance d’autant que j’étais curieux de...

le 3 janv. 2015

8 j'aime

5