Il est compliqué de parler d’un film comme celui-là… Rien que l’emploi du mot « film » me fout un doute. Oui, techniquement on est en face d’images captées par une caméra, il y a un générique de fin et le tout est passé par une table de montage, mais absolument rien d’autre. On suit dans le dépouillement extrême d’un parti pris naturaliste zélote 1h18 des pérégrinations muettes d’un enfant de 5 ou 6 ans qui passe sa journée à se balader seul dans une ville enneigée.
C’est tout ! Et encore j’en ai trop dit. Le côté tranche de vie radicalement assumé s’aventure dans terres inexplorées bien au-delà du point de rupture de l’attention dont il est humainement possible de faire preuve face au néant. On aboutit ainsi à des plans séquences de 4 minutes d’attente à un passage piéton que les voitures passent, l’impression que le film fait du remplissage faisant l’exploit de commencer dès la quinzième seconde. C’est correctement filmé pourtant, avec quelques cadrages qui se démarquent. L’utilisation du format 4/3 (en carré) donne un je ne sais quoi de télé rétro qui rappelle les écrans cathodiques de notre enfance et la découverte avec un môme narcoleptique d’une petite ville paisible du nord du japon à un indéniable aspect apaisant mais bordel, pas 78 minutes ! Vingt minutes ça suffisait, ou même dix.
Il y aura probablement des sensibilités qui vibreront devant Takara, la nuit où j'ai nagé en ayant l’agréable impression de se lover sous un kotatsu une après-midi ensoleillée où il fait froid dehors, mais ma sensibilité à moi a plutôt lutté pour ne pas ronfler. Imaginez aller à une grosse soirée, vous demandez le PC pour passer un morceau quand la fête bat son plein et là vous sélectionnez la vidéo de 10h de bruit de rivière et de chants d’oiseaux que vous écoutez pour vous concentrer quand vous bossez…