Michael Shannon remplace Richard Dreyfus dans ce remake honteux du meilleur film de Spielberg... Des grandes lignes au moindres détails, ( masques à gaz, langage des signes, la maison qui devient un théâtre de l'horreur alors qu'on voulait protéger son enfant, folie qui détruit progressivement le noyau familial, perte inopinée du boulot... ) tout y est directement pompé.
C'est donc l'histoire d'un aimable ouvrier de classe moyenne traumatisé par un évènement surnaturel incompréhensible. Mais Take Shelter propose un hic original : cet ouvrier là a une maman schizophrène alors il hésite vachement... Il se dit "p'tet ben qu'ch'suis malade moué aussi."
Alors sans jamais en faire part à ses proches, il consulte un docteur, puis une psychologue... MAIS il n'oublie pas de faire AUSSI les trucs de fou que ses visions imposent. Et vous pouvez oublier la purée et la crème à raser, lui il passe directement par la case emprunt de 7000$ pour financer un abri anti-tornade. Notez qu'il en avait déjà un, mais il en veut un plus grand. C'est pour survivre à l'apocalypse, tout de même, ne lésinons pas... "J'ai dépensé sans compter... Sauf si je suis fou alors là ça change tout." et il retourne consulter.
Sa femme quant à elle est bipolaire... Ou complètement conne.
"- QUOI ?? Tu as dépensé 7000$ sans me prévenir, dans cette économie ?
- Oui.
- Tu vas consulter un psy, de suite !
- Mais on n'a pas les sous.
- On TROUVERA les sous.
- Euh..."
Et puis à bien y réfléchir, un meilleur abri n'est pas une entreprise si saugrenue. Bien des rednecks y verraient un bon père qui prévoit tout pour protéger les siens. Mais là tout le monde le regarde comme s'il avait tué le Pape. J'entends d'ici les racontars...
"- Ooh vous savez pas quoi ? Michael a construit UN ABRI ANTI-TORNADE !
- Dis moi pas que c'est pas vrai !
- Siii ! Comme j'te l'dis !
- Dans SON jardin A LUI ??
- Oui !!
- Rhooôô !"
Qu'est-ce que ça peut vous foutre ?
J'aurais bien aimé parler de sa fille, seul personnage touchant parce qu'elle est sourde, mais Jeff Nichols l'a laissée sur le banc de touche tout du long. Alors elle n'exprime rien, n'a aucune envie, aucune aspiration, elle ne sert qu'à exercer une pression supplémentaire sur notre pauvre héros.
Tournez vous plutôt vers Stir of Echoes de David Koepp où la vie familiale et communautaire est bien mieux détaillée, et où l'enfant n'est pas qu'un bagage encombrant.
Ou encore vers Field of Dreams, où quand Kevin Costner est confronté au surnaturel, il en parle à sa femme dans la minute. Et lui il a un vrai but bizarre : construire un terrain de base-ball dans son champ de maïs ! Et quand il doute, un authentique élément de réponse l'encourage à persévérer...
Là, les rêves ne souffrent aucune continuité et ne sont là que pour faire de l'épate avant chaque coupure pub. Et Michael doute tellement qu'on ne comprend pas pourquoi il continue.
C'est à se demander s'il n'est pas vraiment schizophrène...
Et finalement, NON ! il avait raison depuis l'début ! ce petit bouseux qui mouille son lit est un ELU de Dieu en personne ! Le pied de nez final est à pisser de rire... Sur l'écran de préférence.