On comprend la démarche de Jeff Nichols voulant réconcilier le spectaculaire d’un blockbuster avec l’intimiste d’un film d’auteur, on peut être sensible à l’environnement délabré et en fin de vie d’un Sud américain qui peine à se relever des ouragans symboliques qui le dévastèrent il y a peu. Il n’empêche qu’en dépit d’un début très efficace et d’une fin magnifique, Take Shelter ennuie tout au long de son ventre mou par des scènes répétitives et étirées au maximum qui nuisent à l’immersion totale du spectateur. Si les retournements dramatiques se devinent assez aisément, la réalisation affiche un postulat néo-réaliste teinté parfois de poésie qui se retrouve de la même manière dans les rêves, de sorte à brouiller, pour le spectateur, les frontières de ce qu’il voit. En résulte un appauvrissement réciproque de l’univers fantasmagorique dépeint qui illustre parfaitement une mentalité en prise avec son milieu. On aurait toutefois aimé perdre pied dans une Amérique elle-même perdue pour mieux se retrouver à l’abri sous le toit familial, thème ô combien apprécié par Nichols (cf. Loving). Ne demeure qu’un léger vertige occasionné par une fin géniale. Trente minutes en moins et se tenait là un grand film.

Créée

le 30 déc. 2018

Critique lue 120 fois

1 j'aime

Critique lue 120 fois

1

D'autres avis sur Take Shelter

Take Shelter
takeshi29
9

D'ores et déjà un classique

Si vous n'êtes pas contre une bonne dose de cinéma anxiogène, ou si vous aimez Terrence Malick, ou si vous frissonnez encore en vous remémorant le dernier plan de "Melancholia" (1), ou si vous êtes...

le 18 mars 2012

87 j'aime

10

Take Shelter
guyness
7

Twist lent au bal orageux de la fin du monde

Bâtir un film sur son dénouement est éminemment casse-gueule. D'autant que d'entrée de jeu, seule deux options sont proposées: soit notre héros est fou, soit il est visionnaire. De ce nœud classique...

le 22 mai 2012

81 j'aime

10

Take Shelter
Miho
5

Protège-moi

Après son remarqué Shotgun Stories, Jeff Nichols fut consacré cette année lors de la Semaine de la Critique à Cannes avec Take Shelter, chronique sociale et familiale matinée d'ambiance paranoïaque...

Par

le 13 juin 2011

65 j'aime

7

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

89 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

78 j'aime

14