Luc Besson avoue enfin participer au concours d'écriture du film le plus con
Mention : Ridicule
Le ridicule ne tue pas ? Vrai, la preuve on est au troisième opus de cette franchise et elle marche encore. Tout ce qui ne tue pas rend plus fort ? Faux, au fur et à mesure des films, Taken se vide de toute crédibilité. Cela-dit, le dégré de nullité atteint en devient presque hilarant. Amusons nous donc de cet étron, et son auteur.
Taken 3 renouvelle le thriller d'action, en premier lieu grâce à un scénario inventif et original.
Suite primordiale qui continue de creuser les personnages en profondeur. L'amour paternel amené par le personnage de Bryan Nills est encore plus subtil et touchant. Après avoir joué les protecteurs, sans jamais tomber dans la psychose, il devient papa gâteux et adorateur. Kim doit avoir maintenant une bonne vingtaine d'années. Son père est ravi de lui avoir trouvé une immense peluche de panda pour cadeau. Sans savoir qu'il est peut-être en train de devenir grand-père, puis-ce que pendant ce temps Kim utilise un test de grossesse. A ce propos, autre génie du scénario que de ne pas donner le résultat immédiatement, le suspens est assez insoutenable. C'est donc à ce moment que Bryan Nills sonne chez sa fille. On est aussi surpris que lui de découvrir que Kim n'est pas exaltée de recevoir cette peluche. Heureusement une réplique très minutieuse explique la raison de cette déception;
« Ce cadeau aurait été parfait si j'avais 7 ans, je suis plus ton petit bébé papa. »
Je suis désolé si je déshonore le travail d'écriture, et que cette citation n'est pas parfaitement juste.
Le charisme de Liam Nesson est encore frappant. Il serait temps de récompenser cet acteur à la filmographie pleine de performances.
Revenons-en à l'intrigue fascinante de Taken. Il était reproché au deuxième opus de reprendre l'histoire du premier. Accusation honteuse ! Ce n'était plus Kim qui se faisait enlever et son père qui assistait à la scène au téléphone, mais Bryan qui était kidnappé et sa fille qui était à l'autre bout du fil. De plus, les évènements ne se passaient plus à Paris mais à Istanbul, rien à voir. Et voilà qu'on dit de Taken 3 qu'il plagierait Le Fugitif. L'histoire d'un homme qui retrouve sa femme tuée dans son appartement et qui, accusé du meurtre, mène sa propre enquête alors qu'il est poursuivit par les forces de l'ordre menés par un flic charismatique. De là à faire ce raccourci. D'autant qu'il y a une différence majeure dans Taken 3, c'est son ex-femme.
On peut d'ailleurs préciser l'arrivée de deux personnages dans la série...ah bah je me coupe tout de suite, Stuart c'est pas le même acteur mais le même mari, passons. Quel lâche ce Xander Berkeley quand même ! Le second mari de Lenny, taiseux et antipathique jusque là, révèle ses secrets avec une telle adresse.
Ce nouveau scénario co-signé Luc Besson déroule encore de fines ficelles avec beaucoup de délicatesse. L'intrigue se dénoue brillamment. Des révélations stupéfiantes et de grands mystères résolus. Comme cette essentielle question latente de savoir si Kim est bien enceinte. On apprendra en même temps que notre héros que c'est bien le cas. Le génie de nous mettre dans la peau du personnage principal. Alors le film gâche gâche ce fantastique outil scénaristique à la moitié du film ? Pas du tout, puis-ce qu'une suspens encore plus insoutenable sera apporté par le dilemme entre garder le bébé ou non. Maggie Grace, trop sobre dans les premiers épisodes (plus sérieusement c'est elle qui sauvait presque le début de la saga), souligne tellement bien ces expressions pour signifier cette incertitude. Aidée aussi par le scénario, évidement ! Il y a cette scène tellement subtile où elle essaie une première fois d'apprendre la nouvelle à son père. Elle n'y arrive pas et finit par faire une vaste allégorie en inventant une histoire d'adoption canine, c'est tellement fin.
Kim cette aventurière ! Un peu comme les enfants de John McClaine relançaient une saga à bout de souffle après un troisième Die Hard trop sèrieux, la fille de Bryan Nills équilibre et étoffe le récit. C'est tellement bien imaginé cette histoire de yaourt pour communiquer. Je suis obligé de vous dévoiler ce plan de génie construit en plein d'étapes.
Phase 1, nous expliquer subtilement qu'elle achète toujours le yaourt placé exactement au même endroit (leçon d'utilisation du fusil de Tchekov). Phase 2, envoyer son meilleur ami faire comprendre à sa fille (et à nous) de bien penser au yaourt. Phase 3, mettre un post-it "Drunk me" sur le yaourt qu'elle achètera forcement. Phase 4, se cacher dans les toilettes où sa fille se rendra une fois malade à cause du yaourt empoisonné. Phase 5, donner l'antidote à sa fille une fois qu'elle s'est rendue au point de rendez-vous, et enfin communiquer avec elle. Cela aurait été beaucoup trop simple de communiquer par l'ami ou par le post-it. Du pur génie scénaristique !
Les pérégrinations de la jeune Kim ne se terminent pas ici, puisqu'une fois son père retrouvé, elle est embarquée dans la suite de la mission. Quelle meilleure façon de protéger sa fille que de l'infiltrer au cœur de l'action ?! Ce qui est le plus incroyable c'est que l'intrigue va encore offrir un rebondissement. Surprise et tension maximales quand cette aventure va mal tourner et de nouveau mettre Kim dans de beau draps. Je ne vais pas plus gâcher la surprise et bafouer l'intelligence du scénario à ceux qui bêtement ne se sont pas encore jêtés sur ce chef-d’œuvre. A vous d'imaginer si le film tombe dans la facilité du happy-end ou si les scénaristes sont plus malins que ça.
Trêve de plaisanterie, même s'il vaut mieux déconner avec un tel amas de conneries, Taken 3 complète la pitoyable liste de films écrits par Luc Besson. Il serait peut-être temps de faire les comptes. Les chiffres tristement bons (Lucy par exemple) et les bénéfices engendrés. Un cinéma business nauséeux à force de tourner en rond. Il serait surtout temps pour Luc Besson de rendre des comptes pour plagiat.
Note : 3 / 20