Non vraiment j'insiste, merci. Taken 3 est un film rassurant pour qui cherche à percer dans le cinéma. Oh bien sûr, des films mal torchés, il y en a la pelle mais peu d'entre eux s'affichent sur la plus grande salle de la ville. Aspirants cinéastes, arrêtez de cerner la science du montage de Lumet, le découpage de McTiernan, les cadrages de David Lean et le rythme des meilleurs Friedkin. Oubliez. En cinéma comme ailleurs, on peut être un bosseur ou un fainéant, un passionné ou un coq-en-pâte. Mais bon sang, comment on en arrive à ça quand on a des conditions de prod aussi généreuses ?
Et il s'agit pas de se la jouer théoricien, même pas. Payer pour Taken 3, ou simplement se déplacer, c'est comme se voir servir un plat moisi au restaurant. C'est laid, honteux. Mais c'est pas grave, ça fait bosser des gens qu'on nous dit. Je suis content pour eux, mais vont-ils compatir ? On se fait chier devant Taken 3, de façon colossale. Liam fait boire un produit vomitif à sa fille pour qu'elle aille aux toilettes et qu'il la retrouve là-bas, ni vu ni connu. Génial mec, tu pouvais pas lui donner ce point de rendez-vous au lieu d'écrire "Drink me now" sur sa boisson et lui filer l'antidote une fois près du trône ? Et pourquoi emmener ta progéniture sur les lieux du climax, où elle ne sert à RIEN, au lieu de la laisser en sécurité ?
C'est pas des remarques de cinéphile pointilleux, c'est le b.a.-ba du divertissement. A chaque seconde de Taken 3, tu penses à un gars surpayé qui s'en balance de ce dont il va gaver ses oies. Et pendant ce temps, Olivier Megaton, qui n'y connaît rien en cinéma (il est sûrement efficace pour gérer un plateau mais se fout complètement du résultat à l'écran) te bâcle ça n'importe comment. Ne comptez pas non plus sur le côté badass du premier opus, tout est aseptisé, le sang n'existe pas et les coups sont illisibles. Niveau montage, c'est quasi avant-gardiste : 10 putains de plans en 4 secondes pour nous montrer le héros franchir une grille ? Si c'est pas remplir le vide par du rien...
Sinon, Forest Whitaker est aussi nul que dans Le Dernier rempart, y a trois scènes d'action péteuses, le style est une parodie du Tony Scott des années 2000 et le tout ressemble à un épisode de Plus belle la vie avec de vrais acteurs dedans, ce qui est encore plus navrant. Première séance de l'année, première arnaque. 2015 n'a pas de temps à perdre.