En insérant le dvd de Takeshis' dans le lecteur j'ai lu en diagonale ce qui était écrit sur la jaquette, et en lisant "Le film le plus personnel de Kitano" j'ai rit en me disant qu'ils avaient dû oublier Kikujiro !!
Eh bien non, c'est encore une fois moi l'idiot dans cette affaire, car en même temps que j'avais oublié Takeshis' j'avais fait de même avec la différence entre l'intime et le personnel. Sur ce film il ne nous raconte pas une histoire trouvant un écho dans son enfance et ses souvenir, ni ne fait un film tentant de se tourner vers l'espoir et une poésie moins sombre que précédemment.
Non, ce que fait ici Kitano c'est un film sur lui, ou plutôt sur eux, les multiples Kitanos, toujours emprisonnés d'une manière ou d'une autre, que ce soit par une timidité maladive ou une image publique. Ce qui relie ces multiples identités, au delà du fait qu'ils nous montrent tous une facette différente de la même personne, c'est cette manière d'accepter la réalité en se réfugiant dans les rêves.
Là où le film est très fort c'est que les frontières ne sont dès le départ pas nettes, entre les identités comme entre les rêveries et la réalité, une fois que tout se mélange on accepte donc d'autant plus facilement d'être emmené dans le prochain looping de ce grand huit.
En tant que gaijin je pense que l'on passe forcément à côté d'un certain nombre de choses lors du visionnage de ce film, même en s'y étant un peu intéressé, et en ayant un peu déambulé au Japon (oui j’admets j'ai parfois pris une canette de café chaud juste parce ce bon vieux Beat Takeshi me la tendait sur la pub du distributeur) on ne peut qu'entrapercevoir ce qu'est la figure de Kitano dans le paysage culturel, mais aussi médiatique et même commercial, japonais.
En revanche ce que l'on peut apprécier ce sont les revendications que son auteur y met en place, après avoir déconstruit la figure du yakuza, celle du flic, s'être exporté dans le système américain, puis avoir remaké, avec un final tout en claquettes, la plus copieuse série de films du cinéma japonais, il nous le clame haut et fort : il ne fera pas ce que l'on attend de lui, ne se limitera pas à un rôle. Si on synthétise un peu ce qu'il disait en 1999 dans le doc Takeski Kitano l'imprévisible, à la télé il fait la pute, au cinéma il se venge d'avoir dû le faire.