Avec un scénario très écrit aux multiples rebondissements, Talons Aiguilles se regarde avec plaisir. Finalement cette formule, que l'on retrouve dans plusieurs films du réalisateur, est peut-être ce qui fait son succès. Les ressorts policier ainsi que les enchaînements de révélations sur les personnages rendent les films d'Almodovar particulièrement attractifs. Cependant, cela amène souvent une certaine artificialité narrative et Talons Aiguilles n'échappe pas à cela.
Les révélations sur les 3 personnalités de Letal sont certes plaisantes car préparées dans plusieurs scènes du film, mais je trouve les motivations du personnage un peu légères pour que cela soit vraiment cohérent et crédible. Autre exemple avec la scène du pistolet. Lorsque Rebeca récupère l'arme cachée dans la télévision, nous comprenons qu'elle est coupable du meurtre de son mari. La scène d'ironie dramatique qui suit, avec le pistolet caché maladroitement dans le fauteuil sur lequel est assis le juge, apporte évidemment une tension chez le spectateur. Mais cela n'aura jamais d'impact dramatique, puisque le juge ne le trouve pas, et nous n'entendrons plus parler de ce fameux pistolet durant le reste du film.
Le film bénéficie d'une grande élégance, notamment via la musique, qui est un thème étroitement lié au personnage de Becky. Les passages de chant et de danse sont magnifiques, et la scène d'alternance entre Becky chantant un hommage à Rebeca en prison, et cette dernière entendant sa Mère chanter à travers une radio allumée dans le dortoir est un grand moment de cinéma.
Enfin, le personnage de Rebeca, névrosée, perdue dans l'ombre de sa mère narcissique et dépassée par les évènements est une grande réussite. Cela notamment via la performance de Victoria Abril, souvent au bord de la rupture dans les nombreux gros plans de son personnage tout le long du film.
Très bon film : 7/10