Tampopo
7.6
Tampopo

Film de Jûzô Itami (1985)

Je crois que Tampopo est un film que j’attendais inconsciemment depuis longtemps. Il manquait un ingrédient dont ma cinéphilie n’avait pas encore été rassasiée. Bien sûr, pas mal de films m’ont donné faim, entre les scènes de fayots chez Leone et la douceur sucrée de Caramel de Nadine Labaki, mais Tampopo a encore fait plus fort.

Ce film parle de la nourriture avec une délectation proche d’une foi mystique. C’est un des films les plus sensuels que j’ai pu voir, et pas qu’à cause des scènes érotico-culinaires qui, loin d’être inintéressantes, n’ont pas été mes préférées. J’ai toujours pensé que la nourriture avait quelque chose de l’ordre du sacré et qu’il fallait parfois un certain nombre de petits rituels pour en apprécier toutes les saveurs (manger des ravioles avec les doigts, faire du bruit avec les spaghettis, sentir un fruit avant de la croquer ou encore, rite ultime, ouvrir un Prince de Lu en deux pour manger le chocolat en premier) et Tampopo nous narre cela avec bonheur.

Transposer tout cet amour en Asie n’a fait que grandir mon appétit. En effet, je connais peu cette nourriture mais désormais, j’ai envie de nouilles et de bouillon. Tous les produits et ingrédients, même les moins ragoûtants (carcasses de volaille), sont mis en valeur avec un respect tout à fait particulier et donne au film un caractère atypique.
Cela donne des scènes absolument loufoques, voire barrées qui pastichent certaines formes de cinéma pour les ramener à la nourriture, comme par exemple, la scène d’introduction chez Tampopo dans laquelle le réalisateur use de clichés du western pour faire passer son propos.

Tampopo est un film empli d’amour et de générosité. L’histoire de cette héroïne cherchant à tout prix à réussir son plat quitte à s’astreindre à un entraînement à la Rocky est tout à fait superbe et surtout entrecoupée de scénettes excellentes sur le thème de la bonne chère. Tout n’est pas parfait et ce découpage manque parfois de cohésion et se perd peut-être dans un grand n’importe quoi, mais il y a des moments vraiment riches d’intérêt, de sincérité et de talent. Mais ma scène préférée reste tout de même le passage où un clochard fin gourmet excelle dans la réalisation d’une omelette au riz clandestine à destination d’un petit garçon gourmand, en pleine nuit dans la cuisine d’un grand restaurant.
Before-Sunrise

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