Une épine dans le pied qui reste durablement

Avant de tomber dans les affres de la comédie-musicale (la plupart des gens l'ayant vu veulent oublier Agathe Cléry), Etienne Chatiliez avait accouché de ce qui reste son dernier film culte, couronné par plus de 4,3 millions d'entrées. Un film qui a mis en évidence un véritable phénomène de société mondial, à savoir ces enfants ayant dépassé la vingtaine et habitant toujours chez leurs parents pour diverses raisons. En l'occurrence, ce qu'on appelle désormais les Tanguy. Eric Berger hérite d'un rôle superbe, grand garçon qui finit par fatiguer ses parents, au point qu'ils veulent son départ.

Sabine Azéma a des tocs, André Dussollier devient colérique, les deux manigancent les pires farces possibles, mais rien y fait. Il est toujours là. On savoure les péripéties du duo, ne savant plus quoi faire dans cette situation. Il faut dire que Tanguy est un sacré coco, amenant ses conquêtes pour des moments privilégiés aux sonorités indéniables, cumulant les casseroles au point de passer pour un Gaston Lagaffe de son époque, les gadgets en moins, l'apprentissage des langues asiatiques en plus.

Puis quand ils arrivent enfin à s'en débarrasser, il y a toujours une couille en plus pour notre plus grand bonheur. Ironiquement, Chatiliez parvient à terminer son film correctement, loin de ses fins brutes habituelles. Un plus indéniable dans un film qui ne manque jamais de mordant avec un trio de choc en grande forme.

Si nous avons évité un remake américain produit par les Weinstein avec Jimmy Fallon (qui se rattrapera en tournant celui de Taxi), Chatiliez se lance en 2018 dans une suite. Alors que l'on pouvait s'attendre au pire (L'oncle Charles n'était pas fameux non plus), cette suite était finalement appréciable. Bien que moins bon que l'original (l'effet de surprise en moins), Tanguy le retour (2019) s'avérait souvent d'un cynisme jubilatoire avec un personnage éponyme plus âgé, mais encore plus profiteur. Un envahissement encore plus frappadingue par moments jusqu'à un final apocalyptique. Comme quoi, Etienne Chatiliez n'est pas si rouillé que ça. Juste qu'il ne faut pas qu'il reste trop longtemps en pilotage automatique.