Sorti en 1955, Tant que soufflera la tempête est une sorte de sous-Autant en emporte le vent en Afrique du Sud. Le titre français, d'ailleurs, évoque vaguement le chef-d'œuvre de Victor Fleming, alors que le titre original - Untamed - fait référence au caractère indomptable du pays et de l'héroïne. Réalisé par Henry King, il est bien loin des meilleurs films du réalisateur (je pense à La Cible humaine, Un homme de fer ou encore Les Bravados, pour ceux que j'ai vus), mais franchement pas inintéressant. Il tient à la fois du western, avec des Zoulous pour remplacer les Indiens, de la grande fresque historique et de la romance.
On y suit la destinée de Katie O'Neill, une fille de la noblesse irlandaise interprétée par Susan Hayward, pimpante, généreusement décolletée et un brin agaçante comme à son habitude. Éprise de Paul Van Riebeck (Tyrone Power, classe), un Boer venu acheter des chevaux à son père, elle doit se résigner à le voir repartir aussi sec en Afrique du Sud une fois ses emplettes effectuées. C'est que ce chef d'un commando de guerriers est dévoué corps et âme à sa mission : créer une république boer indépendante en Afrique du Sud. Il n'a donc pas le temps pour les amourettes... Quelques années plus tard, Katie, pourtant mariée et enceinte, prend à son tour la mer, direction le Cap de Bonne-espérance, la grande famine irlandaise ayant ruiné sa famille. Arrivée à l'autre bout du monde avec son époux Shawn et leur petit garçon né pendant la traversée, elle se joint à une caravane de colons en partance pour la Hoffen Valley, à 800 miles de là. Mais en chemin, le convoi est attaqué par des milliers de Zoulous, son mari se prend une sagaie dans le ventre, et les colons ne doivent leur salut qu'à l'arrivée in extremis de Van Riebeck et ses hommes... Bon, j'accélère un peu : on suit encore son parcours sur plusieurs années, marquées par le dur labeur de la terre, la ruine, la découverte d'un énorme diamant dans les montagnes du coin, l'opulence dans la haute société au Cap, la ruine à nouveau, et au milieu de tout ça l'amour difficile voire impossible avec Van Riebeck.
Tourné en partie sur place et doté d'un beau Technicolor, Tant que soufflera la tempête s'avère parfois captivant - l'impressionnante scène de bataille entre les colons et l'armée zoulou -, parfois original - cette baston au lasso entre Tyrone et son rival ! -, et parfois ennuyeux. Inégal, donc, il vaut quand même le coup d'œil pour les magnifiques paysages du Natal, le contexte historique intéressant (la création de l'État libre d'Orange), la prestation impeccable de Tyrone Power (même si son personnage est un poil en retrait) et le fort joli minois de Susan Hayward !