"Tanta Agua", c'est-à-dire non pas "tatie Agua" comme le suggérerait une très approximative et mauvaise traduction de ce titre uruguayen, mais "tellement d'eau", à l'image des trombes d'eau tombant sur le village de vacances choisi par un père divorcé pour emmener ses deux enfants, jeunes adolescents. Autant dire que plus le premier fait des efforts pour égayer cette grisaille humide non-prévue, plus les seconds tirent la gueule. Les premiers temps du film laissent entrevoir une sorte de chronique familiale terne, sur fond de petite semaine de garde virant au fiasco, mais c'est une direction légèrement différente que Ana Guevara et Leticia Jorge emprunteront, celle du récit d'apprentissage en mode mineur.
Chacun des trois personnages contient une petite part d'émouvant, sans que "Tanta Agua" n'effleure les sommets du cinéma dramatique. Le père, Alberto, dans son énergie du désespoir, pas du tout original dans ce cadre-là (contexte de séparation, progéniture réticente, nombreux imprévus) mais dont la maladresse finit par trouver une petite part d'éloquence face à l'indifférence de ses enfants. Federico, le fils, est probablement le personnage le moins fouillé et sera laissé à l'état d'esquisse, relais comique ponctuel sans grand intérêt. Et Lucía, l'aînée, constituera au final le point névralgique des débats. Sans télé, sans piscine, sous la tutelle de ce père sympathique mais trop protecteur, on se concentrera sur ses tentatives d'échappée — sous la pluie, invariablement.
Chronique de lassitude et de frustration, mais avant tout discrète peinture d'une féminité adolescente, un peu plombée par sa langueur il faut le reconnaître. Le questionnement est clair, le père s'est sans doute davantage rapproché de sa marmaille que s'il avait fait beau, à la faveur de quelques déconvenues. Mais cet instantané un peu anecdotique de vacances ratées constitue un moment pas désagréable, avec ses quelques sursauts comiques / ironiques.