Le dessin est sympa, l’idée est bonne, la critique intéressante, seulement l’histoire est chiante, malmenée.
Question doublage, la voix d’Azéma agace (c'est fortement personnel !), on reconnaît trop Balasko qui fait du Balasko (bon j'ai vu «et entendu» beaucoup de film avec elle), ce qui gâche l'immersion. Pourtant, les doublages de dessins animés s'emploient en général, à appliquer des filtres audio masquant l'intonation, variant le timbre, changeant le registre vocal en bien d'autres effets possibles, seulement, ça a foiré au mixage et le son ne passe pas.
Ici, la litote est vaine (la Dolo pour représenter les lobbys, l'Attilem pour représenter les OGM et autres plantes modifiées, l'Attilex pour représenter les produits polluants fongicides), à trop employer cette figure de style, Girerd minimise l’histoire à son plus simple appareil, la vidant de toute sa substance. Les détails deviennent alors inconséquents et ne comblent pas suffisamment les trous du scénario. Les personnages grotesques se noient eux-mêmes dans leur propre engrais (les chiens, les domestiques,…) - pour rester correct. L'histoire d'amour est absolument inutile, même si elle s'attache à être délicate et mignonne, c'est trop téléphoné ! La céréale Attilem, sorte d'asperge géante, fait tout même sacrément penser à une verge en érection bien épineuse. On n'a pas envie de s'y frotter. De plus, le vulgum pecus, censé être profondément débile et suivre aveuglément toutes les innovations qu'on lui pond (allégorie évidente), connaît peut-être une limite à la connerie, et il est difficile de croire qu'un truc aussi laid et à l'aspect si peu ragoûtant, puisse devenir le best-seller des aliments. Ok, ce sont des métaphores, c'est de la fiction, pour enfant qui plus est, or on ne fait pas une bonne ratatouille avec des épinards. L'écologie est en danger et ce n'est pas Girerd qui va la sauver. Encore moins avec un twist final qui sent le fromage pourri, la rancune de famille de derrière les fagots… Dommage !
Autrement, Benoît Chieux a un beau crayonné. Je lui conseille de nourrir son carnet d’adresse afin d'utiliser son talent auprès de raconteurs plus inspirés, à tout le moins qui savent densifier leur récit, voire qui n'ont pas peur de l’abstraction et de la métonymie maline, que le dessin de Chieux pourrait facilement exploiter.