Tarass l'indompté s'intéresse à une famille vivant dans l'ouest du pays alors que les nazis commencent à occuper le territoire et à imposer leur méthodes (et ce qui en découlent) : réquisition des travailleurs, collaborateurs enrôler dans la police et, surtout plus étonnant pour l'époque, rafle et exécutions des juifs. Il semble d'ailleurs qu'il s'agisse du premier film russe à évoquer le sujet et, fidèle aux précédents films du genre que j'ai vu, le film n'use pas de pincette pour montrer un massacre de masse, même si la réalisation reste "distante", composé de deux valeurs de plans. La séquence reste en tout cas toujours glaçante par le nombre de victimes et la détermination froide des bourreaux avec plusieurs rangs de soldats qui tirent et avancent dans la foule (un peu trop passive et immobile tout de même) tandis qu'une ligne arrière se promène pour achever les quelques rescapés.
Cette évocation du génocide juif est l'une des grande forces du film qui parvient à rester digne sans trop en faire, les dialogues sont d'ailleurs quasiment absents et l'émotion passent avant tout par les regards, les attitudes, les moments d'attentes et des cadrages soignés qui mettent en valeur les comédies, qu'ils soient des rôles principaux ou de simples figurants. C'est à la fois très graphique sans être non plus dans la posture iconique.
C'est dommage que le reste du film ne soit pas de ce niveau car je dois avouer qu'une bonne partie de cette famille apparait rapidement fatigante avec leur orgueil et leur arrogances exacerbées qui ne souffrent d'aucune nuances. Ils conspuent les lâches, font la morale à tout va et braves vraiment idiotement les allemands (se souciant peu du coup de faire arrêter une petite orpheline se cachant chez eux). Ce manichéisme empêche de s'attacher aux hommes de cette famille (le grand-père et son petit fils sont à claquer) d'autant que les personnages moins lisses sont sujet à des twists prévisibles et donc décevant (le double agent !).
Plutôt frustrant car hormis les 3 séquences mettant en scène le médecin juif, il y a aussi une géniale séquence où les soixantenaires du village sont réquisitionnés pour travailler dans une usine mais se font passer pour des ouvriers non qualifiés. Ceux-ci après avoir menacés un collaborateur ne peuvent s'empêcher d'avoir le regard brillant face à la matière fumante qui ne demande qu'à être forgée et tous se livrent à un travail enthousiasme qui se conclura par la mort de l'un d'eux, abattu par un allemand qui observaient la scène de loin.
J'aurais préféré ce genre d'approche plus modéré et lyrique de la résistance et de l'occupation (les p'tits vieux chargeant leur brouette vers Berlin où ils sont envoyés pour être travailleurs forcés) que la lourdeur de la seconde moitié belliqueuse où tous les nazis (petits ou gros) sont des sosies d'Hitler.

anthonyplu
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste L'URSS des cinéastes (1917 - 1945)

Créée

le 21 janv. 2018

Critique lue 262 fois

anthonyplu

Écrit par

Critique lue 262 fois

D'autres avis sur Tarass l'indompté

Tarass l'indompté
anthonyplu
4

Tara(ss)tata

Tarass l'indompté s'intéresse à une famille vivant dans l'ouest du pays alors que les nazis commencent à occuper le territoire et à imposer leur méthodes (et ce qui en découlent) : réquisition des...

le 21 janv. 2018

Du même critique

A Taxi Driver
anthonyplu
7

Maybe you can drive my car

L'ancien assistant de Kim ki-duk revient derrière la caméra après 6 ans d'absence. Il porte à l'écran une histoire vraie, elle-même plongée au cœur d'une page sombre de l'histoire sud-coréenne soit...

le 22 oct. 2017

16 j'aime

1

Absences répétées
anthonyplu
9

Absences remarquées

N'ayons pas peur des mots : voilà un chef d'oeuvre déchirant. C'est une sorte de cousin Au Feu follet de Louis Malle avec cette solitude existentielle et son personnage dans une fuite en avant vers...

le 8 oct. 2014

11 j'aime

2

Daisy Miller
anthonyplu
8

Miller's time

Devenu extrêmement rare, cette adaptation de Henry James est pourtant une merveille d'intelligence et d'écriture grâce à la structure du récit et à l"évolution de sa mise en scène au travers de ses...

le 17 avr. 2017

10 j'aime