Tarzan
4.8
Tarzan

Film de David Yates (2016)

A la sortie de Swiss Army Man, assez surestimé d'ailleurs, j'avais rien à foutre de ma soirée. Le cinéma dans lequel je vais est un vrai moulin à vent, les vigiles surveillent uniquement les mecs qui achètent du pop corn, donc je sors de la salle, je me retrouves dans le hall, et là, j'ai toutes les salles à disposition pour un nouveau film. Il y a 25 salles sur 6 étages, je te laisse imaginer la tentation.


Le film qui le plus potable, c'était ce Tarzan. C'est la Warner. A l'heure actuelle, c'est le seul gros studio hollywoodien qui fait encore confiance à des réalisateurs digne de ce nom pour des blockbusters et qui évite de massacrer leurs travails en salle de montage (à quelques exceptions près). Et le casting faisait quand même bander. Quand j'ai vu que c'était David Yates à la réalisation j'ai commencé à m'inquiéter, mais c'était déjà trop tard, j'étais coincé dans la salle, assis entre des mômes surexcités et une grosse qui commentait le film avant même que ça commence. C'était mal parti.


Le problème à la Warner, c'est que les mecs ne se respectent plus. Je sais pas si c'est dû aux changements de producteurs effectués en interne il y a 2, 3 ans (qui avaient amenés au sabotage de pas mal de projets excitants et au lancement du DC universe pour contrer Marvel), mais toujours est-il que maintenant, l'artistique, c'est plus leur priorité. En bons peureux qu'ils sont, ils nous ressortent ce Tarzan, un nom qui rameute le consommateur, qui lui aussi n'a pas envie de se faire arnaquer (à 15$ la place, tu m'étonnes). Mais qui a envie de voir un nouveau Tarzan en 2016, surtout cette histoire là?


Les scénaristes se sont torchés le cul avec le script c'est pas possible. C'est l'histoire d'un petit blanc qui a grandi dans la jungle avec des singes plus grands et forts que des rhinocéros. Ils ont butés ses parents mais en le voyant ils se disent: "non tiens, lui on l'épargne" comme ça sans raison, juste parce qu'il a une bonne bouille. Après une fois adulte, notre héros décide de se retirer en Angleterre parce qu'il a subitement un amour pour ses origines aristocratiques (on est fin 19ème siècle) et il veut qu'on l'appel John Clayton et non plus Tarzan. Et puis d'un coup, après une tentative foireuse de Sam Jackson de le convaincre de retourner dans la jungle, il retourne dans la jungle pardi ! Ben ouais on est venu voir Tarzan, pas Sherlock Holmes. Et alors là, c'est les retrouvailles avec la tribu d'africains tous super gentils avec Tarzan, alors que l'autre les a abandonnés comme des mal propres. Et va-y que je te fais des bisous, des papouilles, on est à la limite de l'indécence. Il fait même un câlin à un Lion qui fait 2 fois sa taille, tranquille, en mode c'est mon petit toutou au calme. J'ai cru qui allait y avoir une partie de pattes en l'air de mauvais goût avec la Robbie qui se touchaient à côté. Sérieux, on est où là?


Devant l'absence de tenue, je savais plus trop où donnait de la tête. Je parle même pas de toute l'histoire compliqué avec le roi de Belgique qui t'embrouilles pour rien, ou alors le type qui fait un deal avec Christoph "rôle n°37 du méchant moitié nazi moitié psychopate" Waltz. Tout ça, c'est du fuggazi, au final ça ne sert pas l'intrigue principal (qui est Tarzan sauve Jane, point), ça sert juste à embrouiller le spectateur. Ben oui du coup t'as pas l'impression de voir un film de 45 min où l'histoire, c'est un mannequin qui sort d'abercombie, qui refait son brushing, et qui va sauver sa bien aimée, une femme en détresse inutile au possible. Paye ta régression. A côté, James Bond c'est un féministe. Bon le mannequin d'abercombie, ils ont du le salir un peu quand même, le type se bat avec des gorilles à main nus et torse poil, mais pas trop quand même.


Pendant tout le film, tu sens un arrière goût, volontaire ou pas, d'impérialisme et d'apologie au colonialisme. C'est assez hallucinant en 2016 de voir des archétypes pareils: le rôle du noir bien méchant fronçant ses 2 sourcils (Djimon Hounsou), le rôle du noir serviteur soumis qui fait les blagues de service pas drôles (Samuel Jackson), et enfin ceux des noirs colonisés qui ne servent strictement à rien, à part suivre Tarzan (beau blanc avec tellement d'effets spéciaux de muscles sur son corps qu'on dirait un croisement de Wolverine, Toni Jaa et la montagne de Game of Thrones) à la trace comme des petits caniches lobotomisés. D'ailleurs, pourquoi ont-ils une confiance aveugle dans ce type qui a plus une gueule de prof de SVT que d'un vrai guerrier? On est plus à une connerie près, c'est vrai. En 1907, ça pouvait passer, mais là, t'as l'impression de voir Tintin au Congo sans le talent d'Hergé, c'est chaud.
Je me rassurais en me disant que j'avais pas payé contrairement à la grosse à côté de moi qui pestait contre le manque d'action du bordel, ou les gosses à ma droite qui se faisaient chier comme des rats morts au bout de 20min, mais malgré tout ça, c'était quand même un supplice. J'ai tenu les 2h parce que je voulais voir si les mecs allaient faiblir dans leur capacité à tout rater. J'ai pas été déçu.


Parlons des cgi. La palme revient à l'autruche, encore au stade du working progress, quand elle s'échappe de son troupeau pour faire peur à Samuel Jackson. Après elle te fait un regard caméra en mode "elle est où la table régie?" Cette image m'a hanté toute la nuit. C'est le film d'horreur le plus cher de l'histoire ce Tarzan.
La lumière, on dirait qu'ils avaient un 5D les mecs avec une courte focale uniquement. Ils devaient pas savoir comment la changer. Non mais franchement ces gros plans au 18, c'est dégelasse, on est pas dans Freaks là. Le David Yates, il sait pas faire un champ/contre champ correct, pourtant c'est pas dur, même ta grand-mère elle saurait faire. La scène entre Margot Robbie et Waltz est absolument épique, il y a un pauvre bougie sur la table qui t'éclaire à peine le visage de la Robbie en plus du filtre gris terne qu'ils ont cru bon de rajouter à l'étalonnage. Dans quel but? Pour faire plus sombre, plus sérieux. Vu les rires dans la salle, ça a pas marché des masses. Et c'est tellement mal cadré, on dirait un mauvais film d'étudiants. Non mais à ce niveau là, des acteurs comme Jackson ou Waltz, ils peuvent pas dire 2 mots au réal après la prise, quand ils voient le désastre au combo? Bon, je parle pas du mannequin abercombie avec sa tête de série B sur NRJ 12, lui il faut qu'il se concentre sur son jeu. Il ferait passer Manu Payet pour un acteur à Oscars.


Ah oui j'ai oublié le montage. Il y a trop de choses, j'ai pas le temps de tout listé, il faudrait faire un mémoire, pas une critique. Mais là le monteur, c'est un génie incompris, à part pour les pontes de la Warner sans doute ravis du résultat. Déjà que l'histoire est à dormir debout, il se croit malin de nous mettre des flash backs, en veux tu en voilà, à des moments où t'as vraiment pas envie. Genre t'assistes à une discussion très sérieuse autour d'une table entre tous les protagonistes, et là CUT, on tombe dans la forêt sur un petit homme qui se tripote avec un gorille. Là, mon coeur a failli lâcher. En plus c'est pas clair au niveau de la temporalité, on a toujours un doute sur l'époque. L'absence de découpage de notre ami Yates n'arrange rien à l'affaire. Au final, ça m'étonnerait pas que le Yates ait déserté son plateau avant le clap de fin.


/// MISE A JOUR: Je suis tombé sur un article qui nous dit que Yates s'est clairement barré du tournage pour aller tourner "le prequel d'Harry Potter", me demandez pas le nom de cette purge programmée. Donc 4 navets ne lui ont pas suffi, il y retourne le bougre. Bon, en fait, ça explique pas mal de choses. ///


Si vous êtes sado, je vous encourage vivement à allez voir ce film. Si vous êtes normalement constitué, je vous dirais un seul mot: FUYEZ. et surtout prions pour que la Warner se ressaisissent et bannissent à vie ce David Yates d'Hollywood, et surtout qu'ils l'exilent sur une île avec des gorilles et des éléphants aussi moches que dans son navet.

Darkef
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le 18 juil. 2016

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