La vie ne vaut pas cher dans la Jungle.
Comme d’habitude, les personnages, blancs et noirs confondus, se font hardiment occire. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais dans la série des Tarzans avec Johnny Weissmuller, il est bien rare que les personnages s’en sortent. Si par bonheur, un ou deux explorateurs survivent, Tarzan les confie à un éléphant chargé de les ramener à la civilisation. Je me suis toujours demandé le temps qu’ils devaient mettre pour rentrer.
Le destin des pauvres porteurs est également dramatique. Poursuivis par des tribus hostiles, dévorés par des crocodiles, assaillis par des gorilles ou dégringolant au fond du ravin, ils sont joyeusement décimés au fil du film. Il est extrêmement rare qu’un porteur revienne d’une expédition au pays de Tarzan, ils ont donc tout à fait raison de craindre le djoudjou – tabou -.
Tarzan et sa compagne se déroule un an après le premier opus. Harry Holt, amoureux de Jane et qui a dû la laisser à contrecœur à la fin du film précédent, revient avec l’espoir de la ramener en Angleterre. Il est accompagné d’un chasseur d’ivoire, Martin Arlington, qui a pour but de trouver le Cimetière des éléphants, dont Harry lui a parlé et de le piller.
Jane accueille avec joie son ancien ami, qui lui a amené belles robes, parfum, musique… pour lui rappeler son pays natal. Le couple Tarzan-Jane vit toujours de manière aussi rustique dans une sorte de nid perché dans les arbres. Il faudra attendre l’épisode suivant pour qu’une cabane à la Robinson Suisse, dotée de tout le confort « moderne » voit le jour. Depuis un an, Tarzan a fort peu progressé dans sa pratique de la langue anglaise, il a cependant appris à dire « je t’aime, Jane » tous les matins, ce qui est déjà un début.
La vie s’écoule toujours « paisiblement » pour le couple entre baignades, promenades de liane en liane, le tout entrecoupé de diverses attaques d’animaux.
Dans une scène mythique, Jane revêtue d’une robe lamée apportée de Paris par Harry, est jetée à l’eau du haut d’un arbre par son cher et tendre époux. La robe s’accrochant aux branches, elle tombe nue dans l’eau où elle se livre à un beau ballet aquatique avec Tarzan.
Josephine McKim,- championne médaillée aux Jeux olympiques d'été de 1928 à Amsterdam - double Jane dans cette scène aquatique de toute beauté. C’est donc elle que l’on voit sauter à l’eau et évoluer en tenue d’Eve. Les ligues de vertu s’étant voilé la face d’horreur devant une telle nudité, Jane fut priée de se rhabiller. Le début du film la voyant porter un pagne ne cachant pas grand-chose puis une robe lamée ultra moulante et décolletée, Maureen fut forcée de revoir sa garde-robe. La scène suivante la montre vêtue de pied en cap en parfaite exploratrice de l’époque, jupe-culotte, chemisier et bottes, la scène ayant sans doute été tournée à nouveau. Elle retrouvera son pagne un instant après. Dans les films suivants, une robe courte, savamment effrangée remplacera la tenue osée de ce second film de Tarzan.
Le film se révèle surtout une suite de « numéros » d’animaux. Tarzan se trouvant aux prises avec un bestiaire des plus variés. Au sommet de sa forme, Johnny Weissmuller se dépense sans compter contre animaux, méchants chasseurs et cannibales. Les inclusions de scènes de savane sont plus habilement réalisées que dans le premier film, même si deux scènes montrent encore visiblement les acteurs devant un écran – la charge du rhinocéros et l’arrivée des éléphants conduits par Tarzan-. Après une première partie un peu longue sur la vie dans la jungle, le film prend un rythme plus intéressant jusqu’à la belle scène se déroulant dans Le cimetière des éléphants – aux décors peints un peu visibles-.
L’attaque des lions qui conclut le film est très réussie, bien qu’elle se déroule dans une certaine confusion, entre attaque de cannibales, charge des éléphants et des singes. Le domptage des fauves et leur assaut du rocher où se sont réfugiés Jane et les chasseurs est très impressionnant, les charmants animaux encerclant littéralement les personnages pour s’en approcher au plus près.
Malgré ses défauts techniques, un film agréable à suivre à condition de vouloir bien retrouver son âme d’enfant. Peut-être l’épisode le plus abouti de la série des Tarzans-Weissmuller.