Moi, JéJé fait son Bagou. Toi, Tarzan. Enchanté.



  • Papa, tu ne m’as rien dit au sujet de cette montagne escarpée.

  • Tu te rappelles de cette vieille légende au sujet des éléphants .

  • Hum, hum. Tu m'en as compté des centaines.

  • Celle qui dit pourquoi on ne trouve jamais d'éléphant mort dans la jungle.

  • Attends une minute. Oui en effet. Je me la rappelle. Un éléphant lorsqu'il va mourir à une sorte de prescience, et quand il entend cette voix, il se dirige vers un endroit très secret. Il y meurt, et ses vieux os reposent avec ceux de ses ancêtres. Un cimetière en quelque sorte.

  • C'est cela. Et l'on dit que c'est le cimetière secret des éléphants. Quelque part à l'Est se dresse une mystérieuse muraille de montagne, qu'on nomme : "montagne escarpée". Et les noirs du pays se refusent à parler de ses montagnes. Elles sont sacrées, taboues. Si on apprend que l'un d'eux les a seulement regardé, on l'immole et le grand sorcier lui-même l'étouffe. Nous croyons Holt et moi qu'on trouvera derrière ces montagnes le cimetière. On y trouvera le cimetière des éléphants.



Tarzan l'homme singe réalisé par W.S. Van Dyke est adapté de l'oeuvre littéraire d'Edgar Rice Burroughs, qui met en avant un des personnages les plus connus de l'histoire littéraire ainsi que de celle du cinéma. Les récits de l'homme singe ont pris bien des formes au cours de nombreuses années durant lesquelles cet illustre personnage aura connu bien des évolutions, des incarnations, ainsi que des supports, auxquels sont continuellement associées des aventures souvent exceptionnelles, amenant de nombreuses péripéties autant amusantes que distrayantes, qui à l'époque ont dû en subjuguer plus d'un. Cette version sortie en 1932, est le premier volume de ce qui sera une longue saga cinématographique qui en comptera 12 (sans tenir compte des nombreux autres films). Bien qu'habilement réalisé avec des effets spéciaux certainement époustouflants pour l'époque, il est à reconnaître qu'aujourd'hui la surutilisation des séquences avec des effets de rétroprojection casse un peu le tout, notamment avec les trop nombreuses utilisations d'accélération d'image durant certaines scènes d'action. Heureusement, l'air d'authenticité fonctionne si bien, que ces problèmes paraissent secondaires au vu du spectacle honnête proposé.


Tout du long du récit, le spectateur est exposé à la sauvagerie de l'Afrique à travers les yeux inexpérimentés de Jane. On découvre ainsi de nombreuses tribus, ainsi que des coutumes étrangères et toutes sortes d'animaux aussi féroces qu'attachants, comme le fameux Cheeta. Les scènes d'action sont excellentes et étonnamment violentes. L'angoissante escalade de la montagne; la saisissante traversée de la rivière contre les hippopotames et les crocodiles; les nombreuses luttes de Tarzan contre un léopard, une lionne et même un lion; la confrontation contre le clan des nains et même celle contre l'étrange créature ressemblant à croisement entre un yéti et un gorille; tout cela contribue à rendre le spectacle saisissant et jamais ennuyant. Sachant que des morts inévitables sont attendues en chaque fin d'action. Le suspense entourant le mystère autour de Tarzan et de cette jungle est efficace, rendant cette nature inconnue encore plus mystérieuse et inquiétante; le tout accompagné par la discrète mais pas mauvaise composition musicale de George Richelavie.


Le film met en vedette le champion olympique de natation Johnny Weismuller, qui à travers son corps athlétique et bien taillé offre une stature crédible à l'homme singe, sans pour autant nuire à son jeu dramatiquement efficace, puisque à travers son regard, ainsi que son visage, apporte une étonnante sensibilité. La capacité du comédien à basculer d'un homme-enfant joueur, innocent et pacifique, à celui de remarquable et féroce guerrier animal implacable, est stupéfiante. Un mélange d'humain et d'animal qui aura contribué à créer le mystère entourant Tarzan avec son fameux cri inoubliable, reconnaissable entre mille. Les déplacements de Tarzan dans les arbres sont dans l'ensemble bien fichus, même si lors des balancements de liane à liane, le subterfuge ne tient pas très longtemps, puisque l'on peut voir l'homme singe accroché à la barre d’un trapèze duquel il se propulse vers un autre trapèze en réalisant des figures de voltige.




  • HAAA ! HAHAHAAAAAA !!! HAHAHAAAAAAAA !!!!

  • Qu'est-ce que c'est ?

  • Je n'en sais rien. Qu'en penses-tu Rihano ?

  • Peut-être une hyène Gwana.

  • Peut-être bien. On s'en va !

  • HAAA ! HAHAHAAAAAA !!! HAHAHAAAAAAAA !!!!

  • C'est un cri humain on dirait.



Maureen O'Sullivan dans le rôle de Jane Parker est à croquer ! Resplendissante, aguicheuse et étonnamment brulante de désir, apparaissant quelques fois légèrement habillée et même vêtue d'une robe mince trempée dans une scène. La comédienne offre une performance détendue, d'une saisissante douceur qui désoriente par ses nombreux charmes, dont elle joue parfaitement. En tant que Jane, O'Sullivan participe essentiellement à la crédibilité de Tarzan en s'harmonisant parfaitement avec celui-ci. L'alchimie sexuelle entre les deux tourtereaux fonctionne à merveille, et bien que le manque de dialogue entre Jane et Tarzan (qui ne sait pas parler) limite les possibilités, les diverses gestuelles, ainsi que les jeux de regards participent à rendre cette relation électricifiante à travers une escapade romantique passionnante. Durant l'excellente et amusante séquence de la rivière (dans laquelle on peut voir le champion olympique en pleine démonstration de natation) on assiste à la connexion entre Jane et Tarzan, grace à une attraction animale qui prend le dessus sur le jeune homme et la jeune femme. Ma séquence préférée du film.


C. Aubrey Smith en tant que James Parker le père de Jane, est un personnage aussi authentique que sympathique, qui renvoie à merveille la réplique à la comédienne O'Sullivan. Il est obnubilé par la découverte de la montagne escarpée, qui cacherait en elle le fameux cimetière d'éléphants dans lequel des tonnes d'ivoire y seraient cachées. Des milliards de dollars sur lesquels l'acteur Neil Hamilton, en tant que Harry Holt, aimerait également mettre la main. Holt en tant que second de Parker et amoureux de Jane, est un personnage qui m'a tout du long surpris, car loin des clichés. J'étais persuadé qu'il allait à un moment donné retourner sa veste, pour devenir l'antagoniste de Tarzan, mais il n'en fut rien. Holt restera tout du long vaillant et courageux, mettant son amour-propre de côté, acceptant la relation entre Jane et Tarzan. Un vrai gentleman... du moins...


On n'échappe pas à des fautes de goût traduisant une époque bien différente de la nôtre, avec un racisme bien présent à travers l'image avec les porteurs appelés les "Boys" qui se font fouetter s'ils n'obéissent pas et sans la moindre indignation de chaque personnage, dont Jane. Les dialogues vont également dans ce sens, puisqu'on a même droit à une magnifique phrase (du calme SensCritique, j'ironise) de Jane durant laquelle elle proclame à son père que Tarzan ne peut pas être un sauvage parce qu'il est blanc. Que dire également de la tribu de nains incarnés par des personnages blancs entièrement grimés de noir pour paraître comme des sauvages africains. Autres temps, autres moeurs.


Conclusion :


Tarzan l'homme singe de 1932 traduit une époque cinématographique dans ce qu'elle a de meilleur et de pire. Un excellent film d'aventures, que j'aurais mis du temps à découvrir mais qui ne m'aura pas empêché de grandement apprécier. Une oeuvre capitale qui aura inspiré de nombreux réalisateurs. Bravo à Johnny Weismuller qui devient mon second comédien préféré à incarner le rôle de l'homme singe (mon coeur est profondément attaché à la version de Christophe Lambert), ainsi qu'à la comédienne Maureen O'Sullivan qui brille de mille feux dans le rôle de Jane. Bravo au doublage français qui est vraiment bon, au même titre que les nombreuses utilisations d'animaux durant des scènes pas évidentes du tout, lorsqu'ils ne sont pas remplacés par des faux.


Une première aventure avec Johnny Weismuller dans le rôle phare qui commence avec les honneurs.




  • Sans vous cette bête s'attaquer à moi.

  • Moi ?

  • J'ai dit, sans vous cette bête s'attaquer à moi.

  • Moi ?

  • Non. Je suis moi, seulement pour moi.

  • Moi ?

  • Non, je suis vous, vous pour vous.

  • Vous ?

  • Non. Je m'appelle Jane Parker. Vous comprenez ? Jane... Jane !

  • Jane ! Jane !

  • Oui Jane.

  • Jane !

  • Et vous ? Jane !

  • Jane.

  • Et vous ? Vous ?

  • Tarzan... Tarzan.

  • Tarzan.

  • Jane... Tarzan.


B_Jérémy
8
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le 22 déc. 2020

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