Houla mais quelle est donc cette chose qui vient de défiler devant mes yeux pendant une centaine de minutes, directement en prise avec son contexte de production Pre-Code faisant de Jane Parker une femme jouissant d'une liberté sexuelle incroyable, vomissant son racisme sur la place publique sans sourciller (voire même en s'en vantant autant que possible), et dégommant de l'animal sauvage par wagons entiers... Un inclassable totalement lunaire, autant attaché à montrer un petit groupe d'occidentaux préoccupé par un hypothétique cimetière des éléphants (afin de collecter les tonnes d'ivoire et devenir riche) qu'à faire le tableau de la faune locale (lion, chimpanzé, gorille, crocodile, hippopotame, éléphant, chacun aura son moment où il se fiat buter à une échelle plus ou moins industrielle et plus ou moins sous un costume grotesque en latex), et accessoirement premier d'une interminable série de films (douze au total) mettant en scène les aventures de Tarzan sous les traits de l'ancien champion en natation Johnny Weissmuller. Maureen O'Sullivan, elle, ne sera présente que de manière épisodique. Le plus improbable la concernant, c'est qu'elle se trouve être la mère de Mia Farrow.
À des années-lumière de la bouffonnerie "Tarzan Finds a Son!" de 1939, ce "Tarzan the Ape Man" est une vraie bizarrerie de son temps, des amphétamines en intraveineuse en permanence, capable d'enchaîner les énormités et les horreurs sans faiblir et sans sourciller. On passe du vieux père raciste primaire tirant sur tout ce qui bouge un peu trop vite à son goût à une tribu de pygmées tueurs interprétés par des personnes naines sous contrat à la MGM adeptes du grimage intégral (ce n'est plus du blackface ici, mais du blackbody), cela ne pose aucun problème à l'aventure qui n'en finit pas de dérouler les actions héroïques du Tarzan en chef, le tout sur fond d'apologie rousseauiste d'un retour à la nature salutaire et de petite encyclopédie des cris d'animaux sauvages pour enfants, cri de Tarzan y compris... Il faut vraiment s'accrocher.