Tatami
7.4
Tatami

Film de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv (2023)

"On représente l'Iran. Ce n'est pas à nous de décider."


Co-réalisé par l'actrice Franco-Iranienne Zar Amir Ebrahimi (découverte dans le très bon «Les Nuits de Mashhad», et interprétant ici l'entraîneuse) et l’Israélien Guy Nattiv, cette co-production Américano-Géorgienne s'avère être un drame-thriller politique et sportif maîtrisé et convaincant.


Contenu à l'intérieur d'un cadre en 4/3 et illustré par une photographie N&B soignée et un peu hors du temps, ce quasi huis clos en quasi temps réel est un pamphlet sans détour envers le régime, autoritaire et patriarcal, de l'Iran.


Nous plongeant à l'intérieur d'une arène de judo (un choix de décor que l'on comprend assez vite, de par le parallèle métaphorique évident qu'il dresse avec ce que veut nous raconter le film), cette œuvre est le récit d'un combat de tous les instants, sur le tatami comme en coulisses.


Un combat entre un individu et un système répressif (représenté ici comme une sorte de David vs. Goliath), mais aussi un face-à-face entre deux femmes, deux sportives (interprétées avec beaucoup de talent par Ebrahimi donc, et par la jeune Arienne Mandi, pleine de rage et de détermination).

La première est déjà passée par ce dilemme il y a plusieurs années et s'est pliée aux exigences de son gouvernement (en simulant une blessure) ; la seconde est déterminée à aller au bout de son engagement de sportive, au bout de la compétition, et ce malgré toutes les conséquences qui planent au-dessus de sa tête et de ses proches, quitte à se retrouver isolée de sa propre équipe.


Une "confrontation miroir" qui porte en son sein les peurs et les luttes des nombreux.ses iranien.ne.s qui ont fait le choix, avec tout ce que cela implique, de s'opposer à leur gouvernement et à leurs décisions arbitraires.


Un hymne au courage et à la liberté, mis en images par le biais d'une réalisation alternant l'imposant et l'intimiste avec maîtrise, en particulier lors de ses séquences de combat très immersives.


Alors oui, il m'a manqué un peu de véritable tension durant une partie du film (malgré une belle montée en puissance dans son dernier tiers), et le traitement du sujet manque par moments un peu de fond, notamment dans la caractérisation de certains personnages ou dans certains dialogues.


Pas un film parfait donc, mais malgré tout un film engagé et important.

D'autant plus quand on sait qu'une partie de l'équipe du film ne peut, elle non plus, retourner dans son propre pays.

Parce que faire face à son oppresseur (encore plus en tant que femme) et se battre pour sa liberté reste, encore aujourd'hui, la plus courageuse (et la plus dure) des luttes. 7,5/10.

Raphoucinevore
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le 6 sept. 2024

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Raphoucinévore

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