Il est toujours facile d'attribuer à un réalisateur des qualités et des défauts qu'ils n'avait pas ! Surtout s'il ne peut plus se défendre. En ce sens, les réalisateurs de ce documentaire n'ont pas inventé le fil à couper le beurre, puisqu'ils peuvent raconter tout ce qu'ils veulent : Jacques Tati est décédé en 1982 à l'âge de 75 ans et il ne dira plus le contraire !
Ce documentaire est donc pénible : il attribue à Tati des talents qu'il n'a jamais prétendu avoir et faire des comparaisons entre des actualités réelles et les six films de l'auteur relèvent de la philosophie de bazar, et de l'analyse bancale.
Tati voulait des films tels qu'il les imaginait, originaux, et non commerciaux. Il n'aura, dit-on, réalisé qu'un seul film de commande... Et on l'aimait ou on le détestait : en tout cas il ne laissait personne insensible.
A l'époque, ses sorties de films à contre-courant de la mode choquaient : en noir et blanc alors qu'on prônait la couleur. On trouvait également bizarre qu'après l'avènement du cinéma parlant, on puisse en revenir aux temps du cinéma muet ! On critiquerait aujourd'hui qu'il fume la pipe !
J'aurais préféré voir dans ce documentaire d'avantage de commentaires de ceux qui l'ont connu, pas des affabulations utopistes.
Par contre on voit le réalisateur défendre dans une interview, le coût de ses films qui l'a mené à la ruine, ce à quoi il objecte : "Quand vous recevez quelqu'un dans votre salon et que vous lui proposez quelque chose à boire, vous ne lui dîtes pas " Prenez ce verre et asseyez-vous dans ce fauteuil acheté mille francs !"
Savoureux ? C'était ça Tati ! Pas un visionnaire.
Arte le 23.07.2018