A l'image de Bentalha dans le film : lourd et inutile

Sans conteste la suite que je n’ai pas vu venir (comme beaucoup de monde, j’imagine) ! Et pour cause, Taxi était pour moi une saga éteinte. Une série certes rigolote à ses débuts mais qui s’est littéralement perdue dans la médiocrité sans nom au fil des épisodes (le 3 et le 4, franchement…) juste pour rapporter des sous à papa Besson afin que ce dernier puisse faire perdurer sa société EuropaCorp et alimenter des projets plus conséquents (les siens, principalement). Une franchise qui est tombée dans l’oubli à cause de la qualité plus que déclinante des volets, restée cependant dans les mémoires grâce au bon divertissement qu’était le premier. Bref, le genre de situation à laquelle on se disait que Taxi 4 était littéralement le dernier et qu’il ne fallait plus en attendre quoique ce soit. Et voilà qu’en 2016 (soit neuf ans après le quatrième), un cinquième opus est annoncé ! Avec Franck Gastambide à la réalisation et en tête du casting, accompagné de Malik Bentalha. Et Samy Naceri et Frédéric Diefenthal alors ? D’emblée, l’affiche ne m’attirait pas spécialement, en sachant que les deux protagonistes principaux de la saga ne répondaient pas présents au projet. Mais il faut bien admettre que j’attendais de voir ce que pouvait faire Gastambide d’une telle saga. Lui qui se présente actuellement comme l’un des réalisateurs/acteurs les plus en vue de la comédie française question notoriété et succès commerciaux (Les Kaïras, Pattaya, que je n’ai pas vu à l’heure actuelle – je préfère le préciser), il était intéressant de savoir ce qu’il pouvait apporter à la saga Taxi. D’autant plus qu’il promettait reprendre la continuité des précédents tout en empruntant une nouvelle route. Pari respecté, mais dont on se serait bien passé !


Non pas que j’attendais de l’originalité de la part d’un film tel que Taxi 5 (il ne faut pas pousser !), j’attendais quand même quelque chose qui ne soit pas un repompage intersidéral. Mais quand j’ai lu le synopsis, je n’ai pu m’empêcher de voir un étrange mix entre Hot Fuzz (un superflic muté contre son gré dans une brigade en-dessous de ses compétences) et Bienvenue chez les Ch’tis (le fait qu’on se moque des différences Nord/Sud), à la sauce comédie populaire actuelle. C’est-à-dire des bases scénaristiques déjà vues, utilisées ici comme prétexte à un enchaînement sans fin de gags et situations incroyablement lourdingues. Et bien sûr en arborant la structure d’un Taxi, à savoir un buddy movie (film durant lequel deux personnages que tout opposent vont devoir unir leurs forces) avec pour fil conducteur une affaire de braquage, de mafieux, que nos héros devront démêler. Sans compter que – pour enfoncer le clou – ce cinquième opus dévoile son manque d’inspiration en se présentant comme une sorte de remake « miroir » du premier. Où, au lieu d’avoir un chauffeur de taxi as de la conduite et un policier maladroit, nous avons un flic hors normes et un chauffeur ne sachant pas conduire… Mouais… À la limite, ça pouvait quand même passer en me disant que c’était une comédie sans prise de tête, à l’image des autres films de la saga. Que c’était ridicule à souhait et pleinement assumé.


Le problème est que je n’arrive pas à accrocher cet humour aussi rédhibitoire des comédies françaises actuelles. Car si les premiers Taxi étaient assurément cons, ils n’étaient pas mauvais pour autant. Là, c’est tout aussi con que mauvais ! L’humour a beau être pleinement subjectif (comme l’avis que l’on a d’un film), il faut tout de même avouer qu’un film usant de gags se moquant des personnes montrées comme « spéciales » (les nains, les gros, les attardés…), caca prout au possible (on a du vomis à outrance) et lourds à la limite de l’indigeste (les nombreuses répliques et références, comme « KK2000 » et « Et on dit merci qui ? Merci Michel ! ») ne peut être considéré comme bon et efficace. Taxi 5 témoigne de la facilité qu’à la comédie française à se vautrer dans l’humour d’un enfant de 5 ans pour vouloir faire rire l’assistance. Et si ça marche auprès du public (Taxi 5 a quand même fait plus de 3,5 millions d’entrées), n’ayons pas peur de dire que c’est ahurissant de voir que ce sont des titres aussi lamentables et abrutissants qui fonctionnent le mieux (je me prépare d’ailleurs à suivre le parcours du prochain Alad’2). Surtout, qu’outre l’humour plus que discutable, Taxi 5 n’est pas un exemple en matière d’écriture comique. Car avec un acteur/réalisateur il faut le dire égocentrique et des secondes rôles inexistants, il est déplorable de voir que l’une des têtes d’affiche s’avère être inutile au possible au film. Je veux bien sûr parler de parler de Malik Bentalha, en roue libre totale, qui sert juste ici de prétexte à faire le lien avec les autres films (étant le cousin du personnage de Naceri, par lequel est introduit le fameux taxi dans l’histoire), et c’est tout ! Juste un bouffon de bas étage qui n’est là que pour être moqué. Un copain du réalisateur voulant continuer sur la route du succès en faisant le mariole et rien d’autre. Quitte à être invisible (question présence) lors du plan final, c’est pour dire !


Après, il faut reconnaître que les acteurs s’amusent comme des petits fous et que Gastambide possède un certain panache dans sa mise en scène (comme en témoigne les séquences faisant intervenir le taxi). Mais au-delà de cela, nous ne pouvons voir qu’une occasion pour lui d’ajouter un titre « prestigieux » à sa filmographie. D’apporter sa pierre à un édifice branlant sans réellement se fouler. Juste en faisant intervenir ses potes de la comédie française (Ramzy Bedia, Monsieur Poulpe, Sabrina Ouazani…) et du milieu de la célébrité en général (le chanteur Soprano), sans se soucier du reste du casting (le méchant, joué par Salvatore Esposito, n’a aucune présence ni charisme). Et se reposant sur le nom de la saga tout en abusant de références beaucoup trop appuyées (aux personnages de Daniel et Émilien, à la présence de Bernard Farcy et Édouard Montoute malgré tout…) pour justifier son existence, tout en lui faisant défaut (le taxi apparaît peu à l’écran, cela manque de courses-poursuites…).


Taxi 5 n’est donc que ça : un délire de potes qui profitent de moyens conséquents pour le réaliser. À nous d’adhérer ou pas à ce délire. Ce n’est pas du tout le cas en ce qui me concerne. Dans tous les cas, cela reste profitable à Luc Besson, qui peut commencer à renflouer les caisses de sa société de production après le naufrage cuisant de son Valérian. Et même si le succès n’était pas entièrement au rendez-vous (le score du film reste bien en-dessous des 10 millions d’entrées de Taxi 2), cela reste suffisant pour qu’un sixième film se fasse et que la comédie française reste sur cette lancée. C'est mieux que Taxi 3 et 4, mais ce n'est pas encore ça... Navrant…

Créée

le 2 sept. 2018

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