Malgré ma note de 8/10, Taxi Driver ne fait pas partie de mes films préférés, souvent ça tient au sujet, et ici je n'aime pas cette errance suicidaire dans un enfer nocturne newyorkais où Travis Bickle côtoie une foule de parasites, de prostituées, de junkies, en allant jusqu'au bout de la violence et de la dérive. Tout ceci finit par m'ennuyer ; en plus j'ai noté ce film depuis longtemps, et je ne l'ai pas revu depuis longtemps, je fais cette critique de mémoire, et il faudrait que je le revoie car la note pourrait baisser, je sais pas trop...
Toujours est-il que je reste quand même admiratif du travail de Scorsese qui propose une brutale anatomie d'une folie quotidienne, c'est sulfureux, tumultueux, très inspiré malgré quelques longueurs, bref ça reste fascinant et dérangeant dans son réalisme, cinématographiquement, le film est une réussite. Mais je lui reproche un peu de ne pas dénoncer explicitement le comportement de Bickle, il le livre de façon brute, comme un déséquilibré dangereux qui inspire une frayeur immédiate, un ange exterminateur qui doit purger le mal de la ville gangrenée, et ses scènes devant sa glace avec ses You talkin' to me ? sont là pour le prouver. Le réalisateur plonge le spectateur au coeur d'un univers dément et chaotique, peuplé d'une fantasmagorie urbaine nocturne très suggestive et inquiétante.
Ce que je retiens donc avant tout, c'est cette vision cauchemardesque et impure de New York, le style très singulier de la mise en scène (qui a fait remarquer Scorsese et qui l'a placé où il est actuellement), l'émouvante musique de Bernard Herrmann (qui est sa dernière, et le film lui est dédié), et bien sûr l'époustouflante prestation de De Niro en Travis Bickle. Mais je le répète, je ne suis pas friand de ce genre d'univers aussi torturé et douloureux.