Ça fait un moment que j'ai envie de faire cette critique, notamment car Taxi Driver fait partie de ces films qui ont le mérite d'avoir une place dans mon top 10. Mais c'est quoi, en fait, Taxi Driver ? Sorti en 1976, le film de Scorsese met en scène Travis Bickle (Robert de Niro), ancien soldat de la guerre du Vietnam et chauffeur de taxi dans les rues sales de la ville de New-York des années 70'. Un homme solitaire donc, retiré du monde qui se verra tomber amoureux d'une assistante d'un sénateur, mais qui se verra surtout rejeté par celle-ci. Encore plus seul qu'il ne l'était déjà, il rencontre une jeune prostitué de 12 ans (Jodie Foster) et décide de donner un sens à sa vie en commettant un acte radical.
Pourquoi j'aime autant ce film ? Est-ce parce que De Niro donne ici sa meilleure performance à vie ? Peut-être. Est-ce parce que je l'ai vu en salle pour la toute première fois, très peu de temps après avoir visionner Joker ? Peut-être. Est-ce tout simplement la meilleure œuvre de Scorsese ? Assurément. Tout d'abord, le personnage de Travis est extrêmement complexe. Comment se mettre à la place d'un vétéran ayant vu et vécu de tonnes de choses atroces ? Jamais un personnage n'a été aussi bien écrit au cinéma. Le meilleur exemple serait la manière dont Travis ruine ses chances avec Betsy (à partir de maintenant, je vais spoil à mort, donc si vous n'avez pas vu le film, cessez votre lecture). Notre protagoniste aime bien regarder des films pornographiques au cinéma. Un passe-temps comme un autre, me diriez-vous. Par contre, ça devient un problème quand il croit que c'est une bonne idée d'y amener sa douce pour un premier rendez-vous. Travis Bickle est littéralement déconnecté de la réalité.
Dans l'introduction, je mentionne que le personnage principal veut ''donner un sens à sa vie''. Ça va plus loin que ça en réalité. Le fait de s'être fait rejeté a en quelque sorte déclenché une pulsion en lui. Il devait accomplir quelque chose, mais quoi ? Tuer le sénateur ? Ça aurait pu. En avait-il réellement l'intention, au fond ? Qu'aurait-il fait après ? Il se serait suicidé sur place ? Il se rappela sa volonté d'aider. Travis décida de son destin, celui de sauver Iris, cette jeune prostit.. cette jeune fille, en fait. Une enfant qui méritait une vie normale.
Le choix du titre de ma critique n'est pas anodin. Non seulement c'est l'une des répliques les plus cultes du cinéma, mais elle résume parfaitement pourquoi j'aime autant Robert de Niro (d'ailleurs, je viens de capter que le film réunit mon acteur et mon actrice préférés), sachant que la scène de cette réplique a été improvisée par Papa de Niro lui-même. Quel génie !
La réalisation de Martin Scorsese est à couper le souffle. Sous ses allures de film noir, Taxi Driver nous plonge dans une ambiance pesante. On ressent totalement le malaise des rues ténébreuses de New-York, seul avec Travis dans son taxi. Évidemment, je me dois de parler de la fin, qui peut-être en a fait grimacer plus d'un. Il faut voir cette fin comme un fantasme, ce dernier plan expliquant cela. Mise en contexte. Travis se rend chez Iris, tue les proxénètes et tente de se suicider. Jusque-là, ça va. Scène suivante, un plan sur un article de journal glorifiant Travis Bickle. Plan suivant, Travis. Ce héros qui a sauvé une petite fille. Une cliente, c'est le temps de se mettre au boulot. Attends, je ne l'ai pas déjà vu quelque part, elle ? Ah oui, c'est Betsy. Pourquoi a-t-elle l'air si heureuse de me voir ? Elle n'a même pas l'air de m'en vouloir, on peut se parler normalement. Je la dépose chez elle. Rétroviseur. Double-check. Chef-d'œuvre.