Je dois l'avouer, je ne sais pas du tout par où commencer, alors pour l'instant, je vais juste résumer l'histoire de ce long-métrage de 2014 réalisé par Xavier Dolan avec Antoine-Olivier Pilon, Anne Dorval et Suzanne Clément.
Dans un Canada fictif, comme c'est si bien expliqué au début du film, une nouvelle loi fait son apparition : la loi S-14. Celle-ci autorise le/les parent(s) d'un enfant malade à placer celui-ci dans un hôpital psychiatrique s'il ou elle se sent menacé ou en danger. Dans le film, on va suivre l'histoire de Diane "Die" Després (interprétée par Anne Dorval) et de son fils Steve (Antoine-Olivier Pilon) qui est atteint d'un TDAH sévère. Durant la première partie du film, une ambiance assez lourde sera présente entre les deux protagonistes, jusqu'à l'arrivée de la nouvelle voisine Kyla (Suzanne Clément), atteinte d'un bégaiement, qui viendra mettre un peu de joie et de bonheur dans cette vie. Mais est-ce que ça va durer bien longtemps ?
Quelques petites infos sur l'œuvre : elle a remporté le prix du Jury au festival de Cannes, le réalisateur avait 24 ans lors du tournage et le film a été filmé en format 1:1 (format carré), un choix très judicieux, mais qui concorde parfaitement avec le film.
Bon… c'est là que je dois donner mon avis sur le film. Je vais faire simple : c'est, pour l'instant, le meilleur film que j'ai vu dans ma vie (vous aviez pu en déduire avec ma photo de profil). Premièrement, je sais que je ne devrais pas juger le film de cette manière-là, mais c'est plus fort que moi : comment à 24 ans peut-on faire un chef d'oeuvre pareil ? Oui, je l'ai dit. Chef d'oeuvre. Parce qu'objectivement, le film est parfait. Tout est parfait : les scènes, les musiques, les plans, tout ! Il n'y a aucun défaut, c'en est hallucinant. Rien que le fait d'avoir choisi un format carré, c'est très bien pensé, car on se sent prisonnier dans ce cadre avec les personnages.
Et c'est quand l'image s'agrandit que l'on sent une sorte de liberté. Une technique que l'on a aussi pu trouver dans son quatrième long-métrage Tom à la ferme.
https://www.youtube.com/watch?v=PoFM4pWCAg0
J'ai remarqué aussi une forte ressemblance avec son premier film J'ai tué ma mère, car il y a toujours ce même lien mère/fils. La différence est que dans Mommy, ce lien est beaucoup plus fort, car dans J'ai tué ma mère, c'est plutôt un sentiment de haine qui est présent entre les deux personnages (ou plutôt un sentiment de haine que le fils a contre sa mère). Et que dire des acteurs ! Antoine-Olivier Pilon nous fait sentir impuissant dans tout ce qu'il vit et tout ce qu'il fait vivre aux autres, Anne Dorval, qui je pense est l'une des meilleures actrices québécoises à ce jour, est comme à son habitude à fond dedans (on pourrait peut-être même la considérer comme la préférée à Xavier Dolan ? Quoique Suzanne Clément pourrait l'être tout autant) et Suzanne Clément joue extrêmement bien son rôle de femme insécure. On ressent sa douleur intérieure et on aimerait l'aider. J'adore le fait que la raison de son bégaiement ne soit pas directement annoncé dans le film. Pour la comprendre, il faut bien apercevoir un léger détail du métrage qui dure à peu près 1-2 secondes, et même là, on peut quand même nous faire notre propre interprétation. Pareil pour la fin, que je trouve magistrale, avec une chanson de générique de fin qui veut absolument tout dire (léger spoiler qui suit) : Born to Die. Né pour mourir... né pour Die.
Même si je trouve que toutes les scènes sont parfaites, je peux tout de même dire que ma favorite est celle dans le parking du karaoké. Première chose : elle a toute été tournée en un énorme plan-séquence, c'est-à-dire d'un seul coup, sans coupure. Juste ça, je trouve ça incroyable. Ensuite, vous pourrez remarquer que la scène est faite en n'ayant aucun plan avec Steve et sa mère réunis. Même quand les deux vont être contre Paul, ils ne vont jamais être tout à fait ensemble. Les visages vont toujours être séparés. Par chance, j'ai réussi à trouver une vidéo qui explique bien plus clairement que moi cette scène qui m'avait marqué dès le premier visionnage, alors n'hésitez pas à aller la voir.
https://m.youtube.com/watch?v=NaQMdTo_cJY
En conclusion, si vous aimez le style de Dolan, n'hésitez pas à aller le voir, car vous allez passer un moment de rêve. Pour les autres, allez quand même le voir, car c'est tout de même assez éloigné de son style habituel. 10/10 sans hésiter. Si je pouvais mettre plus, je le ferais.
Je vais maintenant citer quelques répliques que j'adore dans ce film :
-Madame Després, est-ce que vous parlez français, vous ?
-Bin là, j'parle peut-être pas le français de France, mais oui je parle français.
-C'est pas parce qu'on aime quelqu'un qu'on peut le sauver. L'amour a rien à voir là-dedans, malheureusement.
-Les sceptiques seront confondus.
-Je peux tu me crosser en fucking paix, avant ?
-Donne-moi ton boxer, on va le laver. Les Kleenex en mottons, c'est ordinaire pour la visite ça, fait que on va apprendre à se gérer côté crossette, aussi, pis on va être en business, ok ?
-Tu vas-tu me tenir la graine quand je vais pisser aussi ?
-Je vais t'en parler quand tu viseras drette.
-Assis-toi là, farme ta yeule.
-Diane, ...
-Shut up !
-Regarde-moi. On va être une team. Nous deux. Je vais apprendre à me contrôler et je vais prendre soin de toi. Je vais te protéger.
-Penses-tu que tu pourrais me rendre... un p'tit... service...
-La vie avec Steve, c'est comme un 25 cents. Tu sais jamais si tu vas tomber pile, ou si tu vas tomber en pleine face.
-Hey va chier Kirikou.
-Steve !
-Sortez de ma voiture tout de suite ! Sortez tous les deux, bande d'imbéciles !
-Farme donc ta yeule, toi.
-Niaiseux ! Je vais appeler la police !
-Je vais l'appeler avec toi, la police.
-Je vais t'éclater la gueule, p'tit con. À toi et à ton fils. Bitch !
-Comment tu viens de traiter ma mère espèce de grosse race ?
-J'appelle la police, hein !
-Retourne dans tes palmiers faire tes drinks. Tu rentreras pas chez nous, mon tabarnak !
-Arrête d'être raciste, Steve !
-J'suis pas raciste, esti, c'est un nègre !
-Toi pis moi, on s'aime encore, hein ?
-Nous deux, c'est ça qu'on fait de mieux, mon homme.
-Vous avez pensé au petit Kevin Julien qui va garder les marques de cet incendie jusqu’au restant de ses jours?
-Le petit Kevin Julien, le petit Kevin Julien. On va-tu le canonifier? On va-tu lui chier une statue? À un moment donné, là. Tough luck, mon Kevin. Mets-toi pas la face dans le micro-ondes pis il t’arrivera rien, cibole!
-T'es belle, Die.
-Oh, t'es bin fine, mais tu sais, belle pas belle là, moi j'ai pour mon dire : la vie, c'est comme une game de quilles. Quand t'as pas de boules, ça part mal en criss.
(Gros monologue) -Moi, j’en ai pas de problème, comprends-tu? C’est drôle, hein? Moi, mon problème dans la vie, sais-tu c’est quoi? C’est toi, Steve! J’ai plus de job à cause de toi. J’ai plus de cash à cause de toi. J’ai plus de vie à cause de toi. Les médicaments, la caution, le centre correctionnel, pis une poursuite astheure. Je peux-tu avoir un tabarnac de break dans la vie? Ben non, ben non! Stevo, mesdames et messieurs! Un break? Pour quoi faire, un break? Elle rêve en couleurs, la Després, esti! Le père crève, le fils l’achève. Méchant bon programme! Pis quand y’en a plus, y’en a encore! Parce que t’as toujours une ostie de câlisse de merveilleuse idée pour que ça chie exposant 10. Pis moi, la cruche, ben je torche la marde. Envoye! Tape toi le mongole. Tape toi l'osti de mongole.
-Ça arrive pas dans la vie d'une mère qu'elle aime moins son fils. La seule chose qui va arriver, c'est que je vais t'aimer de plus en plus fort, et c'est toi qui vas m'aimer de moins en moins.