Un jour, il y aura une vraie averse qui nettoiera la rue de toute
cette racaille



Signé Travis, un chauffeur de taxi tourmenté et insomniaque, indigné par la déchéance physique et sociale qui l'entoure, et va se mettre en tête de sauver une jeune prostituée mineure de son mac violent.


Martin Scorsese filme avec fascination la violente descente aux enfers de ce chauffeur de taxi perdu et solitaire depuis son retour du Vietnam. Il s'appuie sur une écriture de grande qualité, d'abord via le personnage principal, plutôt naïf dans un premier temps, attachant même dans la première partie du film, puis qui va vivre une vraie descente aux enfers face à ce monde qui ne le méprise et ne cherche pas à le comprendre. C'est sur lui que Scorsese braque sa caméra, ne laissant que peu de places aux autres malgré l'importance de certains, à l'image de ce jeune ange en qui il va voir sa rédemption.


Taxi Driver permet à Scorsese d'aborder de nombreux thèmes, toujours avec fluidité et simplicité, et montre comment la folie de la société va affecter et se propager à travers cet homme. Il soigne son atmosphère qui va dans le sens de Travis, et ainsi rendre le récit fascinant, violent et envoûtant. Sa vision de New York, notamment nocturne, à travers son taxi, est sombre, crade et glaçante, montrant les marginaux de cette ville.


Sa mise en scène est immense, rendant le film mystérieux, réaliste et sombre, nous emmenant dans la noirceur new yorkaise et dans la tête de Travis. Techniquement Scorsese est au sommet de son art, talentueux et inventif, avec une superbe photographie et une bande originale obsédante et envoûtante signée Bernard Hermann. Côté interprétation, Robert De Niro est fabuleux et habite littéralement son personnage, offrant une composition intense et époustouflante tandis que la jeune Jodie Foster lui donne superbement la réplique.


Auréolé de la palme d'or, Taxi Driver est un immense, fascinant et puissant chef-d'œuvre, une obsédante et urbaine plongée en enfer, dans un esprit de plus en plus torturé par la ville qui l'entoure, permettant à Scorsese et De Niro de rentrer dans la légende du cinéma, pour ne plus jamais en sortir.

Docteur_Jivago
10

Créée

le 31 mars 2014

Modifiée

le 21 avr. 2014

Critique lue 1.2K fois

68 j'aime

9 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

68
9

D'autres avis sur Taxi Driver

Taxi Driver
Kobayashhi
9

La prostituée et le Chauffeur de Taxi. La Scorsese

"All the animals come out at night - whores, skunk pussies, buggers, queens, fairies, dopers, junkies, sick, venal. Someday a real rain will come and wash all this scum off the streets. " C'est par...

le 15 oct. 2014

158 j'aime

3

Taxi Driver
DjeeVanCleef
10

Un Prophète.

On pourrait disserter des semaines sur les qualités de ce film, un pur chef-d’œuvre, peut être même le seul vrai joyau de Scorsese. Celui qui, sous mes yeux, dans mon cœur brillera pour des millions...

le 29 sept. 2013

136 j'aime

25

Taxi Driver
JimBo_Lebowski
10

Le Solitaire

Mon expérience avec Taxi Driver a commencée dans une salle de cinéma de quartier il y a 15 ans, tout jeune lycéen ouvert à l'œuvre des Kubrick, Tarantino, von Trier et autres P.T. Anderson, j’étais...

le 27 oct. 2015

133 j'aime

9

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

164 j'aime

47

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

152 j'aime

34