Taxi Dr... Hunter
Herman Yau doit avoir eu un accrochage avec un taxi un jour, parce que pour les épingler aussi salement il fallait vraiment leur en vouloir personnellement. Bref: bienvenue à Hong-Kong, où il y a...
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le 27 juil. 2012
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1993, l’année d’Anthony Wong qui va enchainer pas moins de 18 films. Et parmi eux, pas mal de films marquants pour les amateurs de Cat 3. The Untold Story, bien sûr, qu’on ne présente plus, culte à bien des égards. Mais aussi le bon 3 Days of a Blind Girl, le dérangeant Daughter of Darkness, le méconnu mais réussi Love to Kill et le très bon Taxi Hunter. Bon, je triche, ce dernier n’est pas un Cat 3 (contrairement à ce que certains pensent) mais il aurait clairement pu l’être tant certaines scènes l’y classeraient. A la barre, Herman Yau, le papa justement du culte Untold Story (et plus tard d’Ebola Syndrom). En rôle principal donc, son acteur fétiche de l’époque, Anthony Wong, capable de tout jouer mais prenant un malin plaisir à interpréter soit des psychopathes, soit des personnages qui perdent pied et qui tombent dans la folie. Un duo qui a fait ses preuves et qui les fait encore ici avec un film devenu au fil du temps un petit classique du cinéma de Hong Kong.
Taxi Hunter, c’est l’histoire d’un homme un peu trop gentil, un peu trop malléable, qui se fait souvent marcher sur les pieds, et qui va littéralement péter les plombs lorsque sa femme enceinte est tuée par un chauffeur de taxi malveillant. Le film commence comme une comédie, avec un Ng Man-Tat qui une fois de plus reprend son rôle de bouffon rigolo qui parle beaucoup et très fort. On nous présente le personnage d’Anthony Wong, calme donc, retenu, qui mène une vie tout à fait banale. Et puis il y a l’évènement qui va rendre le tout bien plus sérieux et qui va petit à petit faire basculer Taxi Hunter dans le film de vengeance. A ce moment-là, le film va interroger le spectateur : Est-ce que ses actes sont justifiés ? Car plus le personnage de Ah Kin s’enfonce dans la violence et la vengeance, plus cela semble le libérer et lui permettre d’exprimer son sentiment de perte. Le dilemme pour le spectateur est des plus intéressants car si on se range de son côté, est-ce que cela veut dire qu’on approuve ses actes ? Cette réflexion fait partie de ce qui élève Taxi Hunter au-dessus de la masse. Herman Yau prend le temps de parfaitement développer son personnage central, quitte à ce que la première moitié de son film rende le spectateur un peu impatient de voir arriver le pétage de plombs. Objectivement, la mise en scène d’Herman Yau n’a rien d’exceptionnel. Elle est propre, sobre, sans aucun artifice. Contrairement à Untold Story ou, 3 ans plus tard, à Ebola Syndrom, le réalisateur ne va jamais ici dans la démesure. Et pourtant, c’est suffisant pour que le film fasse son office car il laisse la place à ses acteurs.
Le personnage de Yu Rong-Guang se fond parfaitement dans le décor, bien que relayé au second plan durant une partie du film. Celui de Ng Man-Tat est un peu plus problématique car il ne semble pas à sa place, comme s’il s’était échappé d’un film de Stephen Chow ou de Wong Jing et qu’il s’était incrusté ici. Bien qu’il serve le temps d’une scène à l’hôpital pour développer le personnage d’Anthony Wong, il fait néanmoins un peu tâche dans l’ambiance générale du film. Le film développe une intrigue secondaire pour Yu Rong-Guang et Ng Man-Tat qui vont se faire passer pour des chauffeurs de taxi afin d’attraper Anthony Wong, mais c’est sur ce dernier que repose tout le film et, une fois de plus, il en impose et réussit avec brio la lourde tâche que lui a confiée Herman Yau. Wong est très investi. Il a même déclaré que c’était un de ses rôles préférés. Capable de changer son regard en une fraction de seconde, passant de la gentillesse à la folie en un instant, il va s’improviser justicier, tuant tout chauffeur de taxi ayant eu selon lui un comportement abusif (du simple racket au viol avec violence). Il se soucie de qui il blesse et pourquoi il le fait. Anthony Wong arrive à donner de l’humanité à son personnage, le rendant (malgré ses agissements) immédiatement sympathique. On le sent bouffé par la tristesse et, même si on ne cautionne pas ses agissements, on les comprend. Taxi Hunter est sorti la même année qu’un fait divers où des chauffeurs de taxi ont été trainés en justice pour comportement répréhensible, il a donc sans doute du parler à un pan de la population de Hong Kong. Il est également sorti la même année que Chute Libre de Joel Schumacher, avec Michael Douglas, avec qui il partage une structure assez similaire puisqu’il y est aussi question d’un homme somme toute assez lambda qui pétait les plombs et tombait dans l’ultra violence. Mais il y a également du Taxi Driver, de Martin Scorsese, et du Justicier dans la Ville, de Michael Winner, avec des scènes d’action sèches, violentes. Oui, clairement, Taxi Hunter est un bon film.
Lorsqu’on évoque l’association Herman Yau / Anthony Wong, on pense souvent à Ebola Syndrom ou Untold Story. Mais il ne faudrait pas oublier ce Taxi Hunter de très bonne facture, un thriller captivant dans lequel le duo fait encore des étincelles.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-taxi-hunter-de-herman-yau-1993/
Créée
le 3 oct. 2023
Critique lue 35 fois
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