Taza, fils de cochise fait partie de ces oeuvres qui prouvent qu'un sujet louable et éthiquement inattaquable ne fait pas forcément un bon film (à l'instar du Capharnaüm de Labaki sur la misère Libanaise, du Slumdog Millionnaire de Boyle sur la misère indienne ou encore Les chatouilles de Bescond et Metayer , avis strictement personnel). Des sujets qui font l'unanimité et semble rendre toute critique quasi impossible sous peine de passer pour un gros connard sans coeur! Genre t'en a rien à carrer de la misère libanaise, comme de celle de l'Inde d'ailleurs, sans oublier que la pédophilie, hein, ça ne t'émeus pas plus que cela! Quand en plus, comme pour le dernier, le traumatisme est réel et personnel à la réalisatrice, c'est totalement suicidaire d'oser émettre un avis négatif! Ce n'est pourtant pas forcément remettre en cause la sincérité des auteurs et l'importance des sujets que d'avouer que oui, la forme ne m'a pas convaincue! On a le droit non? Bref....
Pour Taza le sujet a le mérite d'exister pour l'époque car les westerns prônant le point de vue des Indiens, même si ils ne sont pas totalement inexistants, restent quand même bien minoritaires! On s'intéresse ici à la succession de Cochise et la guerre fratricide entre, d'un côté, Taza qui veut poursuivre l'oeuvre de paix de son père et Naiche qui, lui, préfère rejoindre Géronimo et se révolter contre l'armée! Noble idée que de s'intéresser enfin à l'Histoire indienne et donner la parole à l'autre point de vue! Proposant, sur le papier, une passionnante réflexion sur la manière de résister à l'envahisseur (en gros, faut-il mieux faire des concessions et vivre, ou, au contraire, être jusqu'au boutiste, résister et risquer la mort), ce western est tout autre devant la caméra de Douglas Sirk
Car oui, ce film est également la preuve qu'un excellent réalisateur ne fait pas forcément un bon film et qu'il est loin d'être aisé de maîtriser les différents genres cinématographiques, le point positif étant que Sirk ne renouvellera jamais l'expérience du Grand Ouest! Si il n'y a pas grand chose à dire sur les différentes scènes d'action pure, les batailles étant plutôt bien foutues, il en va pas de même sur les scènes de textes! D'une banalité affligeante et redondante, les dialogues plongeront progressivement le spectateur dans un ennui poli et casseront le rythme du film! On aura du mal à croire à ses amitiés indéfectibles nées d'un claquement de doigt tout comme on aura du mal à croire à la systématique histoire d'amour! On est pas loin de frôler le ridicule parfois....
Faut dire que les compositions transparentes d'un Rock Hudson grimé en Apache (chut, je le dis pas trop fort histoire de ne pas soulever une vague de contestation en cette période trouble) et d'un Gregg Palmer à moustache n'arrange rien! Le reste du casting étant de la même veine, on arrivera à sauver Barbara Rush sans être bien sûr que ses talents d'actrice y soient pour grand chose non plus.....
Taza, fils de Cochise souffre donc de la comparaison avec les 2 précédents films de cette trilogie "cochise", Au mépris des lois de George Sherman et surtout La flèche brisée de Delmer Dave. De même il ne fera pas le poids face au Bronco Apache de Robert Aldrich sorti la même année. Finalement, assez maladroit dans la conception de ce western, Douglas Sirk semble perdre son message en route quand ce dernier n'est pas tout bonnement dévoyer de ses intentions premières! Il semblerait tout de même que le tournage fût une vrai partie de plaisir, dans la joie et la bonne humeur, c'est déjà ça! Sirk retournera à ces thrillers et mélodrames pour notre plus grand plaisir!