TC 2000
3.7
TC 2000

Film de T.J. Scott (1993)

Un hall d’entrée immédiatement accueillant, étagères pleines de jaquettes flamboyantes, figurines de créatures diverses et borne d’arcade pimpante, et drélium, au milieu de tout ça, en pleine séance d’archéologie au milieu de ses trésors en boîtes, citant et faisant les éloges de titres obscures connus d’à peine 10 acharnés dans le monde… Je savais que c’était l’homme de la situation pour évoquer TC 2000, ce bijou de l’apocalypse que je traquais depuis plusieurs années. Et la scène qui suit directement c’est drélium me tendant fièrement ce boîtier violet entiché d’un Billy Blanks huilé, d’une typo chromée et d’un slogan étudié : “La loi c’est son métier”. Le bonheur.


TC 2000 – le dvd de drélium a préféré arborer un autre titre, “Commanders”, plaqué en grosses lettres dorées du plus bel effet – est un rejeton tardif des années 80, de tout ce que les visions post-apocalyptiques des génies de cette belle décennie ont produit de mieux. Des kimonos en cuir, des justes-au-corps à clous, des masques luisants, des pyjamas flashy, des nombrils apparents, des t-shirts aux manches déchirées, des incrustations d'effets électroniques en pagaille, un entraînement au combat sur du synthé, des combos béret-moustache, le tout dans des restes d’entrepôts désaffectés, certifiés meilleur choix de décor-apocalyptique-quand-on-a-pas-de-moyens depuis l’excellent Cyborg. C’est tout en beauté, forcément généreux à l’excès, et évidemment référencé dans le strict cahier des charges du bon goût. Et l’histoire peut commencer.


Et j’insiste sur ce fait : il y a une histoire. Mais y a d'abord du kung fu et des punks en cuir. Le refrain du monde ravagé habituel s’affuble ici d’un duo de super flics en bomber et de scientifiques à l’oeuvre sur la création d’un cyborg en attente d’un cadavre comme matière première, et ça suffira amplement aux plus perspicaces pour flairer un bon plagiat de RoboCop comme on les adore. Mais TC 2000 va bien plus loin, et comme s’il voulait se détacher de son modèle pour trouver sa propre identité, il ajoute à sa tambouille toute les meilleures années de Van Damme, de Full Contact à Universal Soldier. Alors forcément, c’est un peu l’bordel, la mixture détonne, mais sûr que le film sait récupérer notre attention avec ses combats interminables chorégraphiés dans la plus pure tradition des 80’s (coup de pied circulaire, coup de pied circulaire retourné, coup de pied circulaire retourné sauté, et on recommence ça jusqu’au KO, en se permettant parfois la fantaisie de changer l’ordre des figures), son thème musical de 4 notes en boucle et, éventuellement, avec une héroïne cyborg, sorte de clone de Lori Quaid toute en cuissardes, en paillettes et en boucles d’or.


Ce film, ose tout, ne connaît pas les restrictions habituelles du grand public, ne connaît pas les limites du bon sens et, comme tous les meilleurs du genre, n’a rien à faire de votre goût esthétique. C’est du post-apo de bac Cash Converter mais c’est fait jusqu’au bout, dans les règles d’un art sans pareil. Et l’histoire, donc, est suivie avec toutes les envolées qu’on peut attendre d’une telle démarche artistique. C’est du recyclage de haut vol avec un héros troublé par un manichéisme instable, qui abandonne une société évoluée en blouse blanche pour trouver dans le peuple des bas fonds la belle sincérité d’une mandale dans la gueule, une héroïne robotisée programmée pour asservir un chef de gang avec option érotisme pour divertir en sus son créateur, un maître chinois, merveilleux Bolo Yeung, détenteur de l’art d’exploser des pastèques derrière une planche et des corps derrière des portes (les leçons du Dim Mak ? demanderont certains), un homme de main de 3 mètres, impressionnant Matthias Hues dont on se souvient tous avec émotion du rôle de dealer cosmique dans Dark Angel, un méchant vicieux au faciès arborant une peinture de guerre cubiste et portant le doux nom de “Niki Picasso”, le tout dans une course poursuite sans fin dans les entrailles d'une terre désolée, aux confins de la science et du stylisme, jusque dans un bon vieux tunnel vide déguisé en base futuriste par une poignée d’écran grésillants.


Ah oui l’histoire pardon. On parle on parle et on oublie l’essentiel. C’est une émouvante romance impossible, brisée par les scories d’un monde en perdition. C’est le couple détruit par le changement, par la fatalité, par la science. Lui troublé, perdu, impuissant, elle possédée d'une cruauté nouvelle, contaminée par une gangrène bionique. C’est un petit peu comme Ghost, un petit peu comme Metropolis aussi. Ça ne se raconte pas vraiment ça se contemple. C'est un art ancien de matérialisation des idées et des associations les plus folles, fait main, avec les restes. Un défilé comme on en a plus vraiment, là où ce qu’était TC 2000 dans les 90’s est aujourd’hui devenu Sharknado, là où tout l’amour généreux qu’avaient des créateurs pour un genre n’est devenu que désir de revenu. Et c’est aussi le premier film que m’aura indirectement montré drélium, décidément fidèle à lui-même jusque dans la chair et les os.

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le 22 févr. 2017

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zombiraptor

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