Director’s cut
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Tears nous emmène dans les tréfonds d’une jeunesse désespérément abandonnée qui s’abandonne aux jeux dangereux de la drogue et de la petite délinquance. On y suit quatre personnages à la dérive qui ont pris la voie de la marginalisation. Han et Ran ont choisi ce mode de vie en fuyant leur foyer respectif dans lesquels ils étouffaient. Quant à Chan et Sari, ils n’ont pas eu ce choix, la vie les y a obligée. Tout y est cru et dure dans cette œuvre d’Im Sang-soo qui s’emploie à dépeindre la réalité d’une survie chez la jeunesse sud-coréenne des bas quartiers. La violence, le viol, la prostitution (se prostituer, faire prostituer l’être aimé) appartiennent à un style de vie d’une jeunesse en perdition qui ne tente tout bonnement qu’à vivre. Tout semble contre eux, l’incompréhension des autres (les adultes), le destin qui s’en mêle (le temps d’une échappatoire, même la mer est sale comme leurs quartiers), ils semblent condamné à la survie, sans aucune échappatoire, sans modèle et sans repère qui leur permettrait de prendre le pas d’une meilleur vie.
Tears marque par la force des images et une réalisation qui prend le parti du numérique. Ce parti-pris rend l’œuvre des plus réaliste en prenant les mouvements, les faits sur le vif, une course contre l’ennui qui s’immisce insidieusement dans la survie de ces quatre jeunes. Le numérique rend ce côté sale et granuleux par moment qui inévitablement colle à son sujet ; celui de comportements déviants perdus dans leurs lieux de vie entre lassitude et débrouille. Le portrait de cette jeunesse qu’Im Sang-soo réalise est sans appel et ses sujets qui prennent place à la veille du 21ème siècle ne donnent aucun espoir sur le nouveau millénaire qui s’ouvre. L’interprétation des acteurs et actrices de cette œuvre en est pour beaucoup. Elle donne toute la dimension à ces personnages ancrés dans notre réalité en parvenant à rendre à l’écran ce côté « vrai », de vraies situations pour de vrais sentiments avec une véritable mise en scène maîtrisée et juste.
Im Sang-soo avec son deuxième long qu’est Tears nous emmène donc dans les méandres d’une jeunesse esseulée qui ne manquera pas de rester un moment dans les têtes après visionnage. Revoir aujourd’hui (août 2010) cette œuvre après l’avoir découvert au Festival de Paris Cinéma en 2003 ne perd en rien de sa force évocatrice et continue d’une certaine manière à hanter les pensées.
Créée
le 24 mai 2013
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