Après avoir bossé près de 20 ans pour la télévision, y repoussant les limites du bon gout et de l'absurde, Seth MacFarlane se lance dans le grand bain avec un film tout aussi barré que ses précédentes créations. Mais ce qui fonctionne sur 20 minutes fonctionne-t-il sur 1h30 ?

Le principal problème de Ted, c'est sa fainéantise. Ah Seth, tu nous avais déjà fait le coup. On se souvient de la pseudo polémique sur la copie des Simpson pour créer Family Guy (critique reprise par Groening ou dans South Park, la comparaison avec la série de Parker et Stone n'étant pas non plus exclue), on reconnaitra que American Dad est limite du copié collé du premier succès, sans parler du spin off Cleveland Show, décevant à bien des égards. Ce premier long ne fait pas exception à la règle.
Si la patte du créateur est visible à 100 mètres pour ceux qui connaissent son univers (l'ours pompé sur Stewie, Brian ou encore Roger, le montage de certains gags rappelant le non sens de celui de ses grandes sœurs, l'usage de la musique, l'humour, entre pipi caca et d'inspiration de la culture populaire, typiquement macfarlanien), c'est son scénario, ultra prévisible, stéréotypé mais aussi, aussi bizarre que cela peut être, consensuel, qui pèche le plus. Car Ted est avant tout une comédie romantique des plus banales, mettant en scène une histoire de coeurs tourmentés comme on en a vu mille. Et donc, parodie ou pastiche, voire simple variation sur le genre, Ted se retrouve le cul entre deux chaises : faire marrer avec un humour graveleux et régressif (on surfe quand même un peu trop sur la vague de la nostalgie du trentenaire) tout en imposant les codes ennuyeux à base d'amour, de responsabilités et de bromance. Où est passée la folie scénaristique, caractérisant ses autres créations ? Où est le rythme ? La succession immodérée de moments les plus improbables ? Il nous avait prévenu, il ne pouvait pas tenir une cadence aussi soutenue qu'à la télévision de peur de lasser le spectateur. Résultat, un mauvaise équilibre, alternant entre crises de rire et passage à vide, beaucoup trop nombreux (heureusement que Mila Kunis est... eh bien, Mila Kunis). On a aussi la désagréable impression que le film est forcé, comme si le scénario tout entier était modelé autour de quelques idées hilarantes (le personnage de Ted, donc) sur lesquelles MacFarlane s'est obligé à devoir en faire quelque chose d'un peu sérieux, de construire une histoire. En cela, toute la dernière partie est passablement inutile.

Certaines séquences montrent un esprit fraîchement loufoque (toute la séquence sur Flash, par exemple), un humour appartenant vraiment au réalisateur, mais l'ensemble est bien trop bridé. Ted peine donc à aller au bout de son délire, surement pour ratisser large (ce qui marche vu le carton non annoncé). Mais j'espère sincèrement que le ce premier long fera office de simple carte de visite, lui permettant de se lacher beaucoup plus, sinon dans le prochain opus, au moins dans un prochain film.
obben
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le 13 nov. 2012

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obben

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