Une première pour Seth MacFarlane en tant que réalisateur de film, et un nouveau nom dans mon pokédex pour ma part (puisque non friand des Griffins et American Dad), il se paie une bonne comédie qui vaut le détour.
Outre le fait que tout le monde le considère comme le futur du dessin animé Winnie l'ourson (bon, pourquoi pas), Ted est un film mêlant l'imaginaire dans le monde réel, plus ou moins (mais c'est quand même assez discutable) comme le film "Qui veut la peau de Roger Rabbit". Etant donné que les ours en peluche qui parlent, ça n'existe pas, et pour ne pas avoir à épiloguer sur la possibilité théorique du fait que l'on puisse ou non, en tant qu'être humain, accepter un tel coup de sorcellerie, MacFarlane, après avoir introduit la façon dont l'ours se met à parler, enchaîne immédiatement sur une ellipse de 15 ans (je crois, en tout cas, c'est long) pour immédiatement en venir au point précis de notre histoire. Il ne manquera pas d'alimenter cette ellipse de nombreuses images qui permettront de poser les bases de l'histoire sans larguer le spectateur sur place.
Dans cette énième comédie humoristique, le réalisateur fait un peu office de touche à tout. Un peu de fiction par ci pour attirer les jeunes, un peu de dramatique et d'histoire d'amour pour attirer les couples, un peu d'humour partout pour détendre l'atmosphère, une bonne grosse dose de geek attitude pour faire sortir les geeks de chez eux (de toutes ils sont fan d'American Dad, alors ils sont déjà dehors) et un peu de suspens un peu glauque pour attirer.. les mecs.. un peu glauque... (What?), bref un petit côté sombre pour une courte période qui mettra du piment à cette séance cinématographique.
Dans cette vie plus ou moins banale qu'est celle de John Bennett (Mark Whalberg), un ours en peluche va devenir vivant et va pouvoir parler. Après être devenu la coqueluche du monde entier, Ted (*c'est le nom de l'ours*) va occuper une place très importante dans la vie de John, ce qui ne va pas plaire à sa petite-amie.
Il faut avouer que l'idée de départ est très franchement bien trouvée, même si incroyablement évidente maintenant qu'elle existe, utiliser de cette façon l'aspect imaginaire dont nous rêvons tous enfant, ou dont ils ont déjà cru pour certains, apporte un peu de nouveau au cinéma. En parallèle, la fiction est bien présente, mais ce n'est pas pour autant que la vie change puisque nos héros vivrons de manière tout à fait normale sans même que cette improbabilité de vie de la peluche ne soit le centre de l'histoire.
Mais là où Seth MacFarlane frappe fort (en fait vu que je n'ai ni vue les Griffin, ni American Dad, peut-être est-ce devenu la routine pour lui), c'est que lorsqu'on entend "Comédie humoristique américaine", on pense rapidement aux blagues déplorables que l'on arrête de faire dès notre septième anniversaire ainsi qu'aux délire scatologiques qui ont tant de succès chez ces américains (et après on dit que Dany Boon est pas drôle... pauvre de nous (même si c'est vrai)). Oui effectivement ici aussi il y a de la scatologie et un rapprochement aux blagues idiotes, cependant, contrairement à la grande majorité des autres productions, Seth MacFarlane utilise du second degré, voire du troisième, et sait amener le rire d'une manière totalement différente, ce qui prouve qu'on peut rire de tout, mais pas n'importe comment (oui je personnifie). Dans cette comédie l'humour y va en grande pompe, et même avec ce surplus d'humour, on ne se retrouve jamais dans le surdosage, on a jamais le sentiment que Seth dépasse les limites, on attend toujours la prochaine farce avec enthousiasme et bon entrain. Ce qui vaut un film complet où vous rirez à la majorité des blagues (sauf si vous êtes aigri de nature...).
Ah, mais au début j'ai sous-entendu la présence d'une histoire d'amour et maintenant je parle d'humour légèrement scatologique? Et ben oui, en fait, l'histoire est vraiment bien construite. Elle se sépare à peu de chose près en 3 parties, la première que vous connaissez tous, celle qui pose les bases de l'histoire, c'est durant cette première période que l'humour est le plus présent. La seconde partie qui va être l'élément principal de l'histoire et sur laquelle va reposer le dénouement principal de l'histoire, et une dernière partie que j'étayerai après.
La seconde partie est donc celle du passage amoureux. J'ai bien dit amoureux et non niais, car même si c'est assez rempli de cliché, là encore MacFarlane à su très bien dosé tout cela. Vu que l'humour y est mêlé nous avons le droit à des réplique assez naturelles et réalistes qui parfois font fie de retenue et collent avec surprise à la situation. Même si les enjeux du couple sont assez récurrents et tournent toujours autour des mêmes intrigues, le réalisateur s'en tire bien car pour une histoire de premier plan, elle n'englobe pas le film en entier, ce qui permet de survoler assez rapidement la situation au lieu de s'y enliser. Le schéma ne diffère pas de la majeure partie des films sentimentaux mais nous épargne un trop plein de niaiserie et offre enfin une histoire d'amour naturelle avec des réactions qui ne sont pas excessives et exaspérantes.
Et enfin pour finir, la troisième partie qui laisse place à un peu d'action et permet de ne pas terminer sur un indigeste "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" (et qui peut aussi permettre à certains de se réveiller). Cette intrigue, également initiée dès la première partie, diffère totalement de genre avec le reste du film, laissant place à une séquence d'action thriller (léger thriller) qui captera toute notre attention. A peine l'histoire d'amour terminée, qu'on enchaîne déjà sur une course poursuite. Parsemé d'énormes pointes d'humour là encore, ce final sera d'une intensité assez palpitante.
Malgré un mélange d'action, de cascade et de suspens notamment grâce à un personnage bien flippant, on n’échappera pas à une toute fin sans queue ni tête, mais sympathique malgré tout.
Rajoutons à cela un jeu d'acteur très bon, des tonnes de références que je vous laisse découvrir avec plaisir. Pour l'avoir vu en VO je vous la conseille, car la voix de Joey Starr ne peut pas coller à celle de l'ours en peluche.
En fin de compte, la principale particularité de cette production est sa diversité dans l'histoire, mais pour une comédie, l'humour global reste assez connu, simplement mieux utilisé, plus posé et mieux adapté.
Seth MacFarlane nous offre donc une comédie de qualité et impose son style, un peu comme Greg Mottola dans le film "Paul". Le réalisateur fait donc une belle transition en passant de la télévision au cinéma, de quoi nous appâter dès maintenant pour ses prochaines productions.