Il avait surpris son monde en 2012. C’est qu’un ourson qui parle, même au cinéma, c’est pas commun. Celui là jure, fume comme un pompier et est adepte du trash-talking. Surtout, il revient pour un deuxième épisode, plus cute que jamais.
S’il y a bien un humour que Seth MacFarlane maîtrise mieux que quiconque, c’est celui mêlant scabreux et pop culture. Un mélange qu’il prépare savamment dans son petit laboratoire qu’est le petit écran, grâce aux Griffin, à American Dad et à l’abandonné Cleveland Show.
Avec Ted, l’humoriste américain touche à tout s’offrait un contre-conte hollywoodien. Un petit garçon en manque d’amis donnait vie à un ours en peluche. Mignon ? Oui, sauf que John (Mark Wahlberg) est un glandeur professionnel, gentiment beauf et complètement simplet. Dans le premier épisode, l’ourson sauvait son pote en détresse. Logique que, dans la suite, l’inverse soit de mise.
SO WHAT WE SMOKE WEED
Habitué du format court avec ses séries animées, installer l’ambiance scabreuse et déjantée du premier opus en quelques secondes a tout d’une formalité pour Seth MacFarlane. Ted galère au sein de son mariage en même temps que John avec son divorce. La déprime ne dure pas, bien évidemment, au gré de la motivation mutuelle de chacun et des multiplications de vannes en flashback. La marque de fabrique de MacFarlane, assurément efficace, dans un premier quart de film foutoir, dans le bon sens du terme. Les vannes fusent, les situations s’enchaînent, presque trop vite.
Puisque les coups de coude dans les côtes ne durent qu’un temps, il faut donner un fil conducteur à ce Ted 2. Catégorisé « bien meuble » après une adoption ratée, Ted va devoir prouver devant les tribunaux son humanité. Pas facile pour une peluche Hasbro. Exit donc Mila Kunis, faites place à Amanda Seyfried, jeune avocate aussi fumeuse que les deux potes du tonnerre, la culture pop en moins mais la vraie en plus.
Un décalage qui va se créer au gré d’un road-trip un peu forcé, où chaque arrêt est un prétexte à une série de vannes à thème. Dans le désordre, la discussion du feu de camp en mode Kumbaya de mauvaises herbes, quelques rapprochements autour d’une raie au resto et un passage houleux au tribunal.
POURQUOI RACONTER UNE HISTOIRE QUAND ON A DÉJÀ UN OURS EN PELUCHE
De ces multiplications de situations est générée une sensation d’enchaînement scénaristique un peu lourde. Si les réparties sont cinglantes et les gags toujours aussi féroces, parfois jusqu’à titiller la frontière du bon goût – mention spéciale pour avoir placé Charlie Hebdo dans une vanne -, l’obsession des scénaristes de traiter l’histoire comme un conte devient à la longue une contrainte trop pesante pour ne pas être notée par le spectateur.
Ted 2, s’il est loin d’être décevant, reste un parent pauvre du premier opus à force de se chercher des grotesqueries dont il se serait d’ailleurs bien passé. Dommage de ne pas avoir poussé le vice jusqu’au bout et proposé au spectateur une virée 100 % vannes, en sacrifiant une intrigue trop complexe à mettre en œuvre pour coexister avec le caractère immédiat de l’humour de MacFarlane. Les amoureux de Ted trouveront tout de même leur compte, les autres se plaindront à nouveau de tant de bêtises. On peut rire avec la peluche ou subir ses sarcasmes. Pas les deux.
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